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La prison a-t-elle joué un rôle clef dans la radicalisation des frères Kouachi et d’Amedy Coulibaly ? Après les tueries de Charlie Hebdo et de l’Hyper Casher, les centres de détention français sont plus que jamais suspectés d’être des lieux favorisant la radicalisation de certains détenus. Qu’en est-il de la réalité ? Témoignage de Mohamed Loueslati, aumônier de prison depuis quinze ans.

Quand je suis arrivé dans cette prison, mon travail consistait essentiellement à permettre une pratique pacifiée de l’islam pour ceux qui le souhaitent.

Dans le centre pénitentiaire de Vezin-le-Coquet, près de Rennes, où je travaille, il y a 800 à 900 détenus, à majorité musulmane. Et je suis seul pour les accompagner dans leur pratique religieuse, et non rémunéré pour ce travail.

C’est le directeur de la prison de Rennes qui est venu me solliciter pour que j’intervienne auprès des détenus de confession musulmane de son établissement. Ce directeur voyait avec inquiétude se multiplier les signes de prosélytisme. Des détenus s’autoproclamaient imams, des prières collectives s’improvisaient dans la cour…

En quinze ans de visites quotidiennes dans cette prison, j’ai vu le nombre de détenus dit “radicalisés” augmenter, j’ai vu leurs propos devenir de plus en plus violents. Malheureusement, au cours de ces quinze années, j’ai également vu les moyens mis à ma disposition pour lutter contre cet islam radical stagner… […]

Mais depuis l’affaire Merah, mon travail a beaucoup changé. Désormais, le travail de déradicalisation de certains détenus est une tâche qui accapare une part croissante de mon temps. Les détenus dit radicaux, qui se disent tentés par le djihad et hostiles à l’Occident, sont certes ultra minoritaires mais bien plus nombreux depuis deux-trois ans. […]

Le Nouvel Obs

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