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On appelle chant grégorien un répertoire musical constitué des chants en usage dans les offices liturgiques de l’Église catholique romaine. La tradition liturgique de l’Église nous a en effet légué un ensemble de pièces vocales et monodiques composées à partir des paroles latines des textes sacrés. C’est pourquoi le chant grégorien a souvent reçu le nom de Bible chantée.

Musicalement, le grégorien se définit comme un chant monodique : les chanteurs y chantent tous la même mélodie, n’usant en outre que de la gamme naturelle. C’est dire que la gamme n’est jamais tempérée par des dièses ou des bémols – seul le si bémol y est toléré. L’outillage musical est donc extrêmement simple, fruste même si on le compare à ce qu’est devenue la musique de nos jours.

Gaudeamus omnes – Introït de la messe de la Toussaint

Ce chant est né en Gaule aux VIIIe et IXe siècles. Il est le fruit des réformes de Pépin le Bref, Charlemagne (768-814) et Louis le Pieux. Pour le répertoire de la Messe, on sait qu’il n’existait pas encore vers 750 et qu’il existait vers 800 (date du premier manuscrit donnant les pièces de chant selon l’ordonnance grégorienne). On sait qu’il n’est pas romain (puisqu’il comporte des particularités étrangères à Rome), et qu’il s’insère exactement dans la révolution liturgique de l’époque carolingienne.

Cette forme musicale renvoie à un répertoire contenu dans un recueil nommé à partir du VIIe siècle Antiphonaire grégorien. Mais les premiers manuscrits comportant des signes musicaux ne datent, eux, que du IXe siècle – donc, près de trois siècles après le pape Grégoire le Grand. Aussi les paléographes ont-ils tendance à définir le grégorien (en tant que répertoire bien caractérisé) plutôt comme le produit de la fusion, vers cette époque, d’un vieux chant dit romain et du chant dit gallican, pratiqué en Gaule, plus précisément dans le nord-est de la France actuelle.

Resurrexi – Introït de la messe de Pâques

A la fin du Moyen Age, on avait perdu le sens du mot latin dans la phrase musicale, le sens du rythme et de la modalité. La concurrence de la polyphonie et du contrepoint alourdissent les mélodies grégo­riennes classiques, si remarquables par leur souplesse et leur légè­reté ; le Grégorien est transformé en « plain-chant », ce chant uni (planus), grave et soutenu, qui est un chant monodique destiné à des foules.

Spiritus Domini – Introït de la messe de la Pentecôte

L’Abbaye de Solesmes fut la cheville ouvrière de la restauration grégorienne dans la deuxième moitié du XIXe siècle, sous l’impulsion de Dom Guéranger ; cette redécouverte est partie de l’étude minutieuse des manuscrits de Chant grégorien, étude qui s’est concrétisée dans la publication de la Paléographie musicale.

Sources :

 

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