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La célébration liturgique de Noël se caractérise par l’usage, unique dans la liturgie latine, de trois messes aux textes différents qui permettent d’éclairer les différents aspects spirituels de la fête : la première dans la nuit (la messe de minuit), une autre à l’aurore et la troisième au milieu du jour.

Suivie avec grande ferveur par les fidèles, la messe de minuit est célébrée comme son nom l’indique….à minuit malgré la tendance générale à célébrer celle-ci de plus en plus tôt. Il y a d’ailleurs une absurdité certaine à célébrer la messe de minuit plus tôt (à 22h, à 20h voir même encore plus tôt…) ou à aller à cette messe de minuit en ayant déjà réveillonné, le réveillon de Noël (comme expliquée dans cet article) n’ayant de sens historique que parce qu’il suivait précisément la messe de Minuit.

 

La messe de minuit (Dominus dixit)

La première messe, “in nocte”, tire son origine du développement de la veillée nocturne qui – sous l’impulsion du concile d’Éphèse de 431 qui attribua à Marie le titre de “théotokos”, mère de Dieu – se concluait par une messe papale à la basilique Sainte-Marie-Majeure de Rome. elle est toute centrée sur l’annonce de l’évènement, la contemplation de ce don : aujourd’hui un enfant nous est né !

Introït (voir éventuellement cet article) de la messe de minuit

 

La messe de l’aurore ou messe des bergers (Lux fulgebit)

La messe “in aurora” s’est ensuite insérée entre les deux parce que le pape introduisit l’usage de célébrer, sur le chemin du retour vers Saint-Pierre, une messe pour les grecs à l’église Sant’Anastasia.

À l’éblouissement silencieux de la nuit succède au matin l’expression de la joie. À la Parole divine proférée dans la nuit répond l’action de grâce de l’homme. «Une lumière nouvelle nous envahit, dit la prière d’ouverture de la messe de l’aurore ; puisqu’elle éclaire déjà nos cœurs par la foi, fais qu’elle resplendisse dans toute notre vie.»

Introït de la messe de l’aurore en chant Ambrosien

 

La troisième messe (Puer natus est)

La liturgie de la messe du jour, “in die”, élargit le regard à la contemplation du dessein éternel de Dieu : l’enfant de la crèche, si touchant qu’il soit, si fragile qu’il paraisse, ne doit pas nous faire oublier qu’il est «Dieu né de Dieu». C’est la puissance de la divinité, tout entière contenue dans l’enfant, que les textes s’attachent à éclairer et à faire méditer : le prologue de Jean montre, «dans le commencement», le Verbe de Dieu qui est Dieu même, auprès de Dieu dans la communion éternelle, et, par lui, par sa venue dans le monde, la réalisation du dessein universel de salut de Dieu, jusqu’à nous faire «devenir enfants de Dieu», fils dans le Fils unique (Jn 1,1-18).

Introït de la messe du jour de Noël (3ème messe)

 

Il y a, dans les trois messes, un développement progressif de la pensée de la fête de Noël. L’impression de l’Avent se remarque encore dans la première messe. Le Dieu de Majesté, environné de lumière, s’y manifeste, des anges lumineux volent au-dessus de la terre, et la Mère. la Vierge très pure, est le seul être terrestre qui approche l’enfant divin. L’humanité est encore dans l’attente dans les ombres de la nuit. La pensée de Noël progresse à la seconde messe qui est célébrée à l’aurore, au lever du soleil. La lumière divine qui a paru mystérieusement sur la terre, sous les voiles de la nuit, s’élève pour nous comme un soleil d’une force créatrice puissante, elle entre en relation active avec nous comme « notre Sauveur ». Dans la troisième messe, la pensée de Noël atteint son développement le plus élevé et se manifeste dans toute son efficacité « à tous les hommes ».

 

Un peu d’histoire

L’Église de Rome ne connaissait, à l’origine, qu’une seule messe de  Noël – celle célébrée à la basilique Saint-Pierre – précisément celle qui est devenue par la suite la troisième messe, “in die”. Primitivement, la triple célébration du divin Sacrifice le jour de Noël fut propre au Pape avant d’être rendue possible pour tous les prêtres.

La première Messe était célébrée pendant la nuit dans l’église de la Crèche de Sainte-Marie Majeure (Sainte-Marie Majeure était considérée comme le Bethléem des Romains) : la seconde messe était célébrée dans l’église romaine de la Résurrection, dans l’église palatine grecque dont le nom était Anastasis (c’est-à-dire Résurrection). La troisième était célébrée dans la basilique de Saint-Pierre. De Rome l’usage se répandit dans tout l’Occident. Depuis que les prêtres occidentaux célèbrent la messe tous les jours, la coutume s’est établie que chaque prêtre puisse célébrer la messe trois fois, à Noël.

 

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