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Tribune de Bernard Guetta sur la crise de la social-démocratie européenne face aux “nouvelles extrêmes droites”.

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C’est une alliance de la justice et de la modernité, de l’équité sociale et de l’adaptation aux réalités contemporaines que la gauche doit aujourd’hui promouvoir, et c’est sur ce programme qu’elle doit se rapprocher des centres et des droites sociales tandis que les droites de la droite, elles, se rapprocheront des extrêmes droites.

Entre une crise gouvernementale en Suède et une législative partielle à Troyes, il n’y a pas que vingt heures d’autoroute. Il y a surtout la crise de la social-démocratie européenne qui vient, tout à la fois, de faire tomber le gouvernement de gauche à Stockholm et d’éliminer les socialistes français du second tour de cette partielle pour ne laisser en lice que la droite et le Front national.

Au premier regard, c’est l’affirmation des nouvelles extrêmes droites qui a, dans les deux cas, fait mordre la poussière à la gauche. Qu’elles soient à 10, 15 ou près de 30% des voix, ces forces ont maintenant brouillé les cartes dans presque toute l’Union, où elles se sont imposées en troisième et incontournable parti venu casser la traditionnelle alternance entre gauche et droite. Madame Le Pen recueille désormais nettement plus de suffrages que les socialistes français. A Stockholm, c’est en joignant leurs voix à celles de la droite que les élus de l’extrême droite locale, les Démocrates de Suède, ont mis les sociaux-démocrates au pouvoir en minorité mais le tableau est en fait partout le même, de la Grande-Bretagne à la Hongrie en passant par la Belgique, les Pays-Bas et bientôt, peut-être, l’Allemagne elle-même.

Il ne faut pourtant pas confondre la cause et l’effet. Ce n’est pas la gauche qui perd pied devant la montée de l’extrême droite. C’est, au contraire, l’extrême droite qui progresse sur les décombres d’une social-démocratie dont la crise est déjà vieille de quarante ans. […]

Si la gauche veut se survivre, elle doit savoir perdre des batailles pour gagner la guerre. Elle doit savoir dire haut et clair que le travail ne pourra retrouver un rapport de force avec l’argent qu’en lui opposant une puissance publique de taille continentale et que l’avenir de la gauche passe obligatoirement par une double redéfinition de ses ambitions constitutives. Son premier but doit devenir l’affirmation d’une puissance européenne. Le deuxième, la constitution d’une alliance entre la classe ouvrière, les classes moyennes et les nouvelles entreprises sur la base d’une baisse des dépenses et de leur allocation prioritaire à la recherche, au développement, à la transition énergétique et au maintien des protections sociales les plus fondamentales. […]

Libération

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