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Comédiens stars, réalisateurs célèbres, mais aussi cadreurs, cascadeurs ou scénaristes: combien gagnent les différents métiers du cinéma à Hollywood? Etat des lieux des rémunérations de la branche aux Etats-Unis.

Les cachets des stars font régulièrement la une des magazines: des 100 millions de dollars de Tom Cruise pour son rôle dans La Guerre des Mondes aux 50 millions de dollars de Robert Downey Jr pour Iron Man 3, les plafonds sont régulièrement explosés. Depuis deux décennies, la norme chez les comédiens est devenue de partager la rémunération entre une part fixe, déjà comptée en millions de dollars, et un pourcentage sur les recettes. C’est ainsi que Bruce Willis avait touché 14 millions de dollars pour interpréter Malcolm Crowe dans Sixième sens en 2000, assorti de 17% des recettes du film. Ce dernier ayant rapporté 672 millions de dollars, il a accru son cachet final de 106 millions.

Cependant, toutes les personnes présentes sur les plateaux de tournage n’émargent pas à ce genre de tarifs. Dans l’ombre des stars du 7e art, des centaines voire des milliers de spécialistes s’activent pour transformer une idée de scénariste en blockbuster diffusé dans les salles du monde entier. Leurs rémunérations sont incluses dans les budgets pharaoniques des tournages, à côté des lignes destinées aux effets spéciaux, aux décors et à la promotion à travers la planète.

Les rémunérations font débat

Le magazine américain The Hollywood Reporter s’est penché sur les rémunérations des différents métiers du cinéma américain sur les derniers mois et a dégagé des tendances actuelles pour les salaires. Un sujet qui donne parfois naissance à des crispations de ceux qui estiment que la part des résultats financiers des films ne leur profite pas assez, à l’image des scénaristes qui avaient fait grève pendant plusieurs mois en 2007-2008.

En tête des plus gros gains, selon The Hollywood Reporter figurent évidemment les comédiens. Entre juin 2013 et juin 2014, le magazine a ainsi retenu quelques exemples de cachets très juteux touchés par des acteurs et actrices: 52 millions de dollars en un an pour Dwayne Johnson (San Andreas, Hercules), 45 millions pour Leonardo DiCaprio, 40 millions pour Liam Neeson, 35 millions pour Bradley Cooper ou Jennifer Lawrence, 18 millions pour Cameron Diaz,…

Cependant, cette inflation des cachets de stars s’accompagne d’une stagnation, voire d’un déclin des acteurs secondaires. Un agent interrogé par The Hollywood Reporter indique ainsi que, «si l’on est une grande star, on continuera d’être bien payé. Mais les interprètes intermédiaires ont vu leurs revenus taillés». Et de donner l’exemple de Jonah Hill, qui partage l’affiche de The Wolf of Wall Street avec Leonardo DiCaprio: si ce dernier a touché 25 millions de dollars, son associé à l’écran n’a gagné «que» 60’000$ pour son rôle.

Agents et cadreurs: le grand écart

Pour négocier leurs cachets, les acteurs font appel à leurs agents. Un métier crucial pour de nombreux comédiens quand il s’agit de remporter un rôle, s’ils n’ont pas la chance de figurer parmi les grandes stars auxquels pensent les réalisateurs dès qu’ils s’attaquent à un projet. Mais pour eux aussi, l’heure n’est pas aux revenus records.

Actuellement, un agent débutant peut espérer toucher 50 à 65’000$ par an. Un agent senior, dont le carnet d’adresses est bien fourni émarge autour de 200’000$, tandis que ceux ayant le statut de partenaires dans une agence réputée visent entre 400 et 700’000$. Seuls quelques stars qui sont aussi patrons de leurs agences peuvent atteindre le cap du million de dollars, avec parfois des exceptions.

The Hollywood Reporter cite ainsi Bryan Lourd (agence CAA) ou Patrick Whitesell et Ari Emanuel (agence WME) qui peuvent compter jusqu’à 10 millions de dollars annuellement. Ari Emanuel a ainsi été décrit par le magazine Fortune comme «l’un des plus gros calibres dans l’industrie du divertissement en pleine restructuration».

Les assistants des agents, qui débutent dans le métier avec des tâches subalternes en espérant qu’un poste d’agent se libèrent, doivent plus encore se serrer la ceinture: payés à l’heure, ils peuvent gagner 10 à 13$ en soixante minutes et sont souvent poussés à augmenter leur temps de travail jusqu’à ce qu’ils s’en sortent. Certaines agences comme CAA ont ainsi établi l’étape «assistant» comme un passage obligé dans le cursus avant de devenir agent à part entière.

Une fois «casté», l’acteur passe devant la caméra. Mais de l’autre côté de l’appareil se trouve un cadreur. Rares sont les metteurs en scène à tenir eux-mêmes la caméra, à l’image d’un Claude Lelouch. A Hollywood, le travail sur l’image et le cadrage a pris une telle importance que désormais les «directeurs de la photographie» les plus doués sont de véritables stars qui s’arrachent à coups d’intéressements ou de cachets très élevés: contrairement aux acteurs payés pour un tournage (quel qu’en soit sa durée) ou aux assistants d’agents (payés à l’heure), les cadreurs sont payés à la semaine de tournage.

Là aussi, l’expérience et le budget global de la production jouent un rôle essentiel: les débutants peuvent toucher de 2000 à 10’000$ par semaine sur un film indépendant, tandis que les technciens les plus recherchés émargent entre 25 et 30’000 dollars par semaine sur les blockbusters.

The Hollywood Reporter cite plusieurs exemples de spécialistes très demandés, comme Roger Deakins, onze fois nominé aux Oscars, ou Robert Richardson, avec lequel Martin Scorsese aime régulièrement travailler (Casino, Aviator, Shutter Island, Hugo Cabret) et qui a même fait une apparition à l’écran dans Des hommes d’influence, de Barry Levinson.

Metteurs en scène et patrons de studios

Si le directeur de la photographie tient la caméra, c’est toutefois le metteur en scène qui garde généralement la maîtrise sur le film. Véritable chef d’orchestre des projets, le réalisateur détermine l’âme du film. A tel point que de nombreux cinéphiles suivent avec ferveur les longs-métrages de certains metteurs en scène, ou même que le simple nom du réalisateur pourra décider un acteur à prendre part à un projet. Tourner avec Ridley Scott, Paul Thomas Anderson ou James Cameron peut faire d’un projet prometteur mais fragile un grand succès au box-office. Ridley Scott toucherait ainsi entre 7 et 10 millions de dollars par film. Certains préfèrent négocier un pourcentage sur les recettes du film, à l’image du choix audacieux de George Lucas pour Star Wars. C’est le pari opéré par Christopher Nolan pour Interstellar, qui doit sortir en novembre dans les salles.

Cependant, les metteurs en scène sont souvent choisis (ou du moins le choix validé) par des patrons de studios. Si l’âge d’or des studios hollywoodiens (MGM, 20th Century Fox, RKO Pictures) appartient au passé, les majors hollywoodiennes ont été relayées depuis par d’importants networks qui conservent la mainmise sur de nombreux projets. A la tête de CBS, Leslie Moonves touche 66,9 millions de dollars par an; Jon Feltheimer, CEO de Lionsgate, 63,6 millions de dollars; et Philippe Dauman, CEO de Viacom, 37,2 millions de dollars. La concentration des projets majeurs entre les mains d’un petit nombre de studios renforce le poids, et donc la rémunération de ces tycoons du 7e art.

Si les studios détiennent les clefs des projets, ils ont besoin d’un intermédiaire qui se charge de la production. Une fonction souvent prise par des réalisateurs ou des acteurs qui croient en leur projet et décident de s’y investir au-delà de leurs fonctions d’origine, pour garantir le financement et en tirer les éventuels bénéfices.

Certains producteurs vedettes ont le flair pour détecter les projets à gros potentiels et leur prise de participation dans un film garantit que celui-ci puisse se réaliser: Jerry Bruckheimer, Barbara Broccoli ou John Davis ont un poids crucial dans les projets qu’ils «parrainent» et peuvent toucher entre 250’000 et deux millions de dollars par film.

Des cascades au scénario

Si les producteurs prennent des risques financiers, d’autres professionnels prennent des risques physiques: les cascadeurs ont toujours suscité l’attention, car les accidents qui surviennent dans les tournages les impliquent prioritairement, en dépit des précautions prises. Ainsi, Nick Gillard a doublé les stars sur les scènes les plus exigeantes physiquement des deux trilogies Star Wars ou sur les tournages d’Indiana Jones, d’Aliens ou de Robin des Bois, Prince des Voleurs.

Le savoir-faire de ces as des cabrioles leur permet de toucher des enveloppes comprises entre 50’000$ et un million, selon le type de production et les prouesses qui leur sont demandées.

Des prouesses souhaitées par les réalisateurs mais aussi rendues incontournables par les scripts et scenarii. Ces derniers sont rédigés par les scénaristes. Qu’ils partent d’une simple idée ou qu’ils adaptent un roman, ces plumes sont souvent à l’origine des histoires portées à l’écran. Et leur participation est cruciale: une écriture de scenario se retrouve à l’écran et leur poids est devenu incontournable. C’est surtout l’une des professions les mieux sutructurées de la branche: la WGA (Writers Guild of America) est sans doute le syndicat le plus puissant à Hollywood. La célèbre grève de 2007-2008 qui avait paralysé des centaines de tournages, aussi bien pour la télévision que pour le cinéma, témoigne de leur puissance.

Si la profession semble unie dans ces mouvements revendicatifs, il existe toutefois une profonde séparation entre les plumes les plus recherchées pour le cinéma, comme Simon Kinberg, Alan Ball, Alex Kurtzman et Roberto Orci, qui peuvent toucher de 100’000 à un million de dollars, et les petites mains de la télévision, qui plafonnent souvent entre 3000 et 6000$ par semaine pour fournir des histoires pour les épisodes des séries télévisées.

BILAN

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