Kahina Mekdem, d’origine algérienne, a participé jeudi dernier à la Journée d’appel de préparation à la défense (JPAD) à la base militaire de la marine de Dugny, en Seine-Saint-Denis. Après avoir clamé sa fierté d’être française, le discours victimaire et revendicatif revient tout naturellement. Récit d’une journée à laquelle ont participé une trentaine de jeunes de confession musulmane sur les 51 participants.
Après une présentation des rouages de l’armée, la matinée se poursuit avec un débat intéressant rassemblant plusieurs thèmes : l’Europe, l’identité nationale, la défense de la France au quotidien et les tâches de l’armée. C’est au moment des « tests de français » que l’on se sent parfois revenus à l’école primaire, tant certaines lacunes sont patentes.
L’heure du repas a sonné. Nous nous dirigeons vers le réfectoire où un self est proposé. Au menu : salade, flageolets, boudin de porc ou lapin, et yaourt au fruit. Les jeunes de confession musulmane et observant le rite halal – une bonne trentaine sur les 51 participant à la Journée – se contenteront d’un repas sans viande – le lapin n’étant pas halal. Autant dire que le repas n’a point rassasié la gente présente. Séparés de nous, quelques militaires en uniformes déjeunent, l’ambiance parmi eux est à la rigolade et à l’humour potache. (…)
L’unique moment où j’aurais pu ne pas me sentir chez moi, c’est au moment du repas. Il était marquant, ce repas. Quand on vous propose de manger du boudin de porc ou du lapin non halal, alors que l’on sait pertinemment qu’une grande partie des jeunes inscrits à cette JPAD est d’origine arabo-berbère, et que dans la salle, les militaires vous regardent avec l’air de dire « ah ! c’est les bougnoules » – comme je l’ai ressenti –, là, vraiment, l’Algérie, qui est aussi mon pays, me manque.
Pourquoi est-ce mon pays, aussi, l’Algérie ? Après tout, c’est bien la France qui m’a vu naître. Pour une raison très simple : depuis mon enfance, c’est avec la langue du « pays » que mes parents parlent, entre eux surtout, et cette langue, il m’est impossible d’en faire abstraction. Si on y réfléchit, sans les mouvements migratoires, la probabilité pour que je sois à l’heure actuelle une bergère élevant des moutons au fin fond des montagnes de Kabylie, avec trois enfants à charge et le 4e en route, n’est pas négligeable. Merci papi-mami, on vous a exploités, mais grâce à vos sacrifices, maintenant j’écris au Bondy Blog.Source : Bondy Blog