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Cinq ans ! C’est le temps qui a été nécessaire pour que les Etats-Unis s’extirpent du marasme économique consécutif à l’éclatement de la bulle immobilière et à la crise financière de 2008.

Par Philippe Plassart

La reprise de l’économie américaine tant attendue apparaît cette fois bien installée. La croissance du PIB prévue outre-Atlantique devrait tourner autour de 2,2 à 2,5 % en 2013 avant les coupes budgétaires (qui pourraient retrancher 0,5 point de PIB).

Mais par delà le rebond de conjoncture, c’est l’idée même du déclin inexorable américain qui semble s’effacer des esprits. “La politique monétaire va rester accomodante le temps qu’il faudra” promet le patron de la Réserve fédérale Ben Bernanke.

C’est du côté des entreprises que le redressement est le plus spectaculaire : les profits sont proches de leurs plus hauts historiques. Autre élement positif : après avoir été durant des années totalement laminé,

le “made US” est de nouveau compétitif grâce à la modération salariale et à la baisse du prix de l’énergie– merci aux gazs de schiste.

Seule ombre au tableau : le blocage politique à propos de l’ assainissement nécessaire des comptes publics. Mais la forme du secteur privé semble la plus forte…

Un rétablissement trois fois plus long à intervenir que dans une récession classique. Mais, la patience est récompensée car la reprise tant attendue apparaît bien installée. Le redémarrage de l’activité s’est d’abord manifesté dans le bâtiment puis il s’est étendu au secteur manufacturier et il commence maintenant à profiter aux services. Un cercle vertueux. Résultat : la croissance du PIB prévue outre-Atlantique pour 2013 tourne autour de 2,2 % à 2,5 % (avant l’impact des coupes budgétaires). Un rythme qui ferait rêver bien des Européens empêtrés dans la stagnation.

Mais il y a encore mieux : par-delà la confirmation du rebond de conjoncture tant espéré, c’est l’idée même du déclin inexorable américain qui semble s’effacer des esprits.

Eternel retour de l’optimisme américain.

 

Un secteur privé assaini
Pour panser les plaies de la crise de 2008 – la plus grave depuis 1929 – il aura fallu – on s’en rend encore plus compte avec le recul – deux ingrédients dont les acteurs n’avaient pas au début forcément conscience : du temps et surtout un réglage monétaire sans précédent. “La sortie de crise n’avait rien d’évident. Les autorités ont tout fait pour sortir le pays du trou. La politique monétaire va rester accommodante autant de temps qu’il le faudra”, analyse Anton Brender, directeur des études à Dexia Asset Management. Concrètement, la Reserve fédérale maintiendra ses taux d’intérêt à leur bas niveau tant que le taux de chômage ne sera pas repassé sous la barre des 6,5 % contre 7,7 %. Un contexte extrêmement favorable à l’assainissement des comptes des agents économiques.

 

“Une crise de surendettement est par nature longue et douloureuse à résorber. Celle-ci a concerné au premier chef les ménages américains”, explique Philippe d’Arvissenet, directeur des études économiques à BNP-Paribas. Mais le travail est désormais fait en grande partie.

“Les banques américaines sont recapitalisées et ont assaini leurs bilans. Le coût de la crise immobilière a été mutualisé par la quasi-nationalisation des agences hypothécaires et donc, in fine, payé par l’Etat américain.

 

Les ménages ont en partie “restructuré” leur bilan, notamment en faisant défaut sur leur dette hypothécaire”, explique Christian Parisot, économiste en chef à la société de Bourse Aurel BCG.

Plus qu’un symbole : le marché immobilier a amorcé son redressement après des années de purge. En 2012, les prix ont augmenté de près de 10 % dans les douze principales villes du pays.

Le sentiment d’appauvrissement qui avait miné le moral des Américains s’éloigne.

 

Un “made US” de nouveau compétitif
Autre élement positif : la situation quasi florissante des entreprises. Leurs marges sont proches des plus hauts historiques et leurs bilans sont sains.

“Sous l’effet de la stagnation des salaires depuis cinq ans d’une part et de l’allégement des coûts de l’energie d’autre part, l’industrie américaine est en train d’opérer un redressement spectaculaire de sa compétitivité”, souligne Philippe d’Arvissenet.

Les gains de productivité sont beaucoup plus importants aux Etats-Unis que dans la zone euro.

 

Et l’industrie américaine bénéficie, grâce à l’effondrement de moité des prix du gaz naturel du fait de la production de gaz de schiste, d’un avantage correspondant à 18 % du salaire par rapport à l’industrie européenne selon les calculs de Natexis.

Et l’on voit même renaître l’industrie sidérurgique dans les Appalaches. Jamais depuis le début des années 90 les perspectives de réindustrialisation ne sont apparues aussi crédibles.

 

Avec ses hausses salariales de plus de 20 % en rythme annuel, le concurrent chinois ne fait même plus peur !

Seule ombre – et de taille – à ce tableau : l’assainissement à venir des comptes publics. L’Etat américain doit réduire son déficit budgétaire et son endettement supérieur à 100 % du PIB. “Ce processus entamera nécessairement la croissance économique du pays mais il risque de se heurter au blocage politique au Congrès. Ces circonstances interdisent de verser dans un optimisme béat concernant les Etats-Unis”, conclut Anton Brender.

 

Par Philippe Plassart

 

Editorial
Devinette

Les Etats-Unis ont mis cinq ans pour sortir du marasme économique engendré par la crise des subprimes et la crise financière, alors que l’on connaît leur pragmatisme, leur libéralisme et leur capacité à mettre rapidement en action les solutions, une fois les diagnostics établis. Cinq longues années pour retrouver compétitivité et croissance, au prix d’un gel des salaires et d’une planche à billets fonctionnant à plein régime, le tout en bénéficiant d’une baisse brutale du coût de l’énergie grâce aux gaz de schiste.

Combien de temps faudra-t-il à un pays dogmatique qui n’a pas achevé son “Bad-Godesberg”, refuse d’étudier l’opportunité même des gaz de schiste, et n’a plus la possibilité de faire fonctionner sa planche à billets, pour retrouver le chemin de la croissance ?

Par Henri Nijdam

lenouveleconomiste.fr

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