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Les pratiquants immigrés vont-ils réintroduire le fait religieux dans les sociétés occidentales de plus en plus sécularisées? C’est ce qu’affirme le sociologue et historien, Sébastien Fath, qui analyse l’affluence de nouveaux paroissiens issus de l’immigration dans les églises, les temples et … les mosquées.

Q. Les migrants sont-ils plus pratiquants que les Français de souche?
En trente ans, on a assisté à un bouleversement majeur. Aujourd’hui, la majorité des pratiquants sont souvent des migrants. C’est le cas pour l’islam. C’est le cas pour le protestantisme : chaque week-end, les méga-églises évangéliques charismatiques drainent plusieurs milliers de personnes, à 90% afro-antillaises. Mais c’est aussi vrai pour le catholicisme. (…)
Q. En plus, cette religiosité ne se cache pas mais revendique une certaine visibilité.
(…) L’époque de l’islam des caves, de la religiosité de la discrétion extrême, est terminée. Aujourd’hui, on ressent chez ces migrants une volonté de s’afficher.
Q. Cette religiosité est-elle facteur d’intégration ou de communautarisation?
Ces communautés, qu’elles soient catholiques, protestantes ou musulmanes, sont complètement connectées à l’échelle globale. Il y a aujourd’hui des chaînes satellitaires protestantes évangéliques, musulmanes. Ces communautés font aussi venir des prédicateurs africains, américains, égyptiens… Elles puisent dans l’échelle globale le soutien qu’elles ne trouvent pas toujours au niveau local. (…)

Q. Se plaignent-elles d’ostracisme?
On constate de la rancœur chez certaines par rapport au modèle d’intégration à la française. J’ai entendu, au cours de prédications, des discours du type: «les blancs sont venus piller l’Afrique, ils ont pris nos ressources, ils nous ont colonisés, et maintenant, ils ne veulent pas de nous, ils nous refusent des papiers». On observe du ressentiment face aux difficultés d’intégration. (…) Il est frappant de constater que les églises qui marchent mettent un fort accent sur la «théologie de la prospérité »(1): avoir une voiture, un logement… On voit aussi les migrants opérer un retournement du stigmate en avantage sur le mode: «c’est nous qui allons régénérer cette société».
(1) D’origine brésilienne, la théologie de la prospérité prétend que la pauvreté est une manifestation des forces du Malin tandis que la richesse et la prospérité constituent des signes de la présence de Dieu.
(Libération)

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