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Le tchip est une onomatopée qu’on retrouve dans presque toutes les diasporas africaines. (…)

Cet ancrage africain de l’onomatopée et du tchip n’échappe pas aux élèves de deux classes de quatrième, dont j’ai évalué le niveau de connaissances sur le tchip.
Tous (sans exception) associent le tchip aux communautés noires.
Une parodie de la série Bref (sur la chaîne française Canal+) met en scène un acteur antillais qui tchipe pour «exprimer son mécontentement» ou sa joie. Un tchip tous les dix secondes. Le tchip est le marqueur de son identité antillaise.

Au final, même si le phénomène est courant, le tchip est rapidement devenu «le marqueur d’un groupe restreint, une manière de signaler ouvertement son appartenance sociale et culturelle», selon le linguiste Pierre Hambye.
Guillaume, professeur de collège en région parisienne, entend ses élèves tchiper dans les couloirs et même en classe. Un phénomène qui ne touche pas seulement la diaspora africaine mais bien tous les élèves de sa classe:

«Par effet d’imitation, les autres élèves essaient de reproduire et d’intégrer cette onomatopée dans leurs discussions quotidiennes. Même en classe. C’est une mode à suivre, car elle permet d’entrer dans la catégorie des élèves rebelles et cool. Mais cela devient problématique quand des élèves ne savent plus distinguer cette manière de parler de la langue enseignée à l’école.»

Beaucoup de ses collègues remarquent que le tchip s’accompagne parfois d’une manière de répondre quasi-bestiale. Seulement des bruits, des sons. (…)

Lorsque les élèves tchipent, ils remettent non seulement en cause la langue dominante mais également les acteurs sensées la transmettre. Pauvre Guillaume.

Les jeunes collégiennes de Bondy que j’ai rencontrées lient leur usage du tchip à leurs origines antillaise ou africaine. (…)
Slate Afrique

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