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Pour l’ancien ambassadeur de France au Sénégal, Jean-Christophe Rufin, notre erreur est de décerner aveuglément le titre de «combattant de la liberté» à quiconque lutte contre un tyran.

Soyons lucides : des dictatures nouvelles sont en train de s’installer dans le monde, en particulier arabe, et elles s’avancent souvent sous le masque trompeur de la «libération», de la «résistance»
Pourquoi les démocraties semblent-elles condamnées à reproduire toujours les mêmes erreurs ? Pourquoi, au nom des bons sentiments et de la pitié pour les victimes, avons-nous accouché des pires monstres ? Pourquoi, des Khmers rouges à Ben Laden, des terroristes qui ensanglantent l’Irak à ceux qui viennent de massacrer l’ambassadeur américain en Libye, avons-nous décerné le titre de «combattants de la liberté» à tant de gens qui n’avaient pour seule ambition que de pratiquer la terreur et d’instaurer à leur tour la dictature ? […] Pourtant, après les guerres «justes» d’Afghanistan, d’Irak ou de Libye, il est plus que jamais temps de réfléchir à nos erreurs. La mort de l’ambassadeur Stevens en Libye était peut-être le choc nécessaire pour atteindre un semblant de lucidité. Face aux dictatures sanguinaires, nous commettons trois erreurs principales. […] Souvenez-vous de George Bush proclamant, après la chute de Saddam : «La guerre est finie !» Même autosatisfaction de Sarkozy et Cameron à Benghazi, après la déroute de Kadhafi. Or, la dictature, en tombant, ouvre au contraire la voie au chaos. Les choses sérieuses commencent et, malheureu­sement, les droits humains, pour lesquels on s’était mobilisé, sont plus menacés que jamais. […] Des talibans aux islamistes sahariens, des groupes radicaux libyens aux shebab de Somalie, ceux qui se disposent à devenir les dictateurs de demain ont, en tuant l’ambassadeur Chris Stevens, rendu hommage à Ben Laden. Lui comme eux avaient tous bénéficié, sinon de l’appui, au moins de la bienveillance des ­Occidentaux en général et des Etats-Unis en particulier. Ils en sont devenus les plus dangereux ennemis.
Avant de créer demain, ailleurs, d’autres monstres, réfléchissons.
Paris Match (Merci à elwas)

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