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Reportage dans une commune du Gard,Saint-Gilles (14 000 hab), où le FN est la première force politique. Les difficiles relations entre «eux et nous»…

Un quadra, devant son café, constate que «chacun reste dans sa tour d’ivoire.» Lui ne votera pas pour le FN qui ne fait qu’ «attiser le feu». Ira-t-il un jour prendre son café, en face, aux Arts? «Non, honnêtement, non. J’ai mes habitudes.»
Accoudé au comptoir d’un café – le patron ne veut pas que le nom apparaisse – «Obélix» – il ne veut pas donner son vrai nom – évoque ironiquement une «ambiance cool, détendue» à Saint-Gilles, commune aux portes de la Camargue où le FN a fait 35,37% à la présidentielle. «On s’entend bien avec eux mais on ne les aime pas. Ils ne portent pas la ceinture de sécurité, n’ont pas de permis. Pourquoi nous, on nous arrête et pas eux ?», dit-il d’entrée, sans préciser qui sont «ils» et «eux». Sous-entendu mais évident. «Ils» et «eux» sont à une centaine de mètres de là, au café des Arts, où les Français d’origine maghrébine ont l’habitude de se retrouver. Deux univers côte-à-côte mais bien étanches. […] «C’est du racisme hypocrite, dit Fethi, un habitué des Arts. Ici, les gens qui votent FN sont originaires d’Espagne, d’Italie ou sont pieds noirs.» Les gens extérieurs à la communauté ne fréquentent pas le café, confirme-t-il. […] «Le regard qu’on nous porte nous ramène à nos origines, tempère Hicham. C’est une spirale sans fin, on est dans une impasse.» Et c’est pour échapper à ce regard que ces Français d’origine algérienne ou marocaine, tous nés dans le Gard, se retrouvent au café des Arts. «Quand on rentre dans un autre café, tout le monde se tait et nous regarde», explique Fethi. «On a pris nos habitudes, regrette Hicham. Cet entre-soi se forme dès le collège.» […] 20 minutes

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