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Pour les branchés, l’iPad est le top du hi-tech. Pour les ouvriers fabriquant ces tablettes, c’est le symbole de l’exploitation. En 2010, Foxconn, sous-traitant taïwanais d’Apple qui fabrique les fameuses tablettes et autres iPhones, a été accusé d’appliquer des conditions de travail inhumaines dans ses usines en Chine avec une série de suicides d’ouvriers. En avril dernier, un accord a été trouvé entre Apple et Foxconn. Tim Cook, successeur de feu Steve Jobs, s’était même déplacé en Chine pour son premier voyage officiel. Pour autant, rien n’est réglé et des ouvriers ont menacé de se jeter du toit s’ils n’obtenaient pas des hausses de salaires.

Aujourd’hui, c’est la nouvelle usine de Jundiai, dans l’Etat de Sao Paulo au Brésil qui doit affronter une menace de grève. Les salariés protestent contre le manque d’eau et de nourriture sur place ainsi que les problèmes de transports. Le problème de fond serait la défaillance des infrastructures autour de l’usine.
Pourtant, l’aventure brésilienne de Foxconn s’annonçait bien. L’année dernière, c’est la présidente brésilienne Dilma Rousseff qui a elle-même annoncé le futur assemblage d’iPad à Jundiai, ville où Foxconn travaille déjà pour HP et Sony. Cet venue de Foxconn était une condition sine qua none pour qu’Apple entre sur le marché brésilien, le gouvernement refusant les importations de matériel Un investissement de 12 milliards de dollars est d’ores et déjà annoncé. Cinq autres usines  sont aussi prévues. Une preuve du poids des pays émergents dans le marché du hi-tech. Une avenue Steve Jobs est même crée en son hommage à Jundiai.

Le problème Foxconn

Mais les choses prennent du retard. Le début de production, prévue initialement en décembre, a du mal à démarrer du fait des problèmes d’infrastructures et de formation des salariés. Mais surtout Foxconn veut obtenir des réductions fiscales avant de de lancer la fabrication. « Les discussions ont été très difficiles, et le projet d’un iPad brésilien est devenu incertain », affirmait même en septembre 2011 un représentant du gouvernement brésilien. La situation ne se débloquera qu’en janvier dernier après que le gouvernement brésilien ait accordé des exonérations à Foxconn.
Malgré les ratés de Foxconn au Brésil, Apple n’a pas arrêté ses ambitions. A plus ou moins long terme, des Apple stores pourraient voir le jour au Brésil. Mais cette stratégie vers les pays émergents est-elle une fuite en avant ? En fait, plus que la perspective de nouveaux marchés, c’est la hausse des coûts de productions en Chine qui a incité Foxconn à changer de stratégie. Du fait de la crise sociale, l’entreprise a fait passer son salaire minimal de 1000 à 2000 yuans environ du printemps 2010 au printemps 2011 et a préféré déplacer ses usines à l’intérieur des terres. L’entreprise a aussi choisi d’aller à l’étranger, notamment au Brésil. C’est la course au moins-disant. L’esprit pseudo-libertaire d’Apple et de l’industrie du hi-tech est avant tout totalement libéral.
Et la maison mère de Foxconn, Hon-Hai Precision, n’est pas au mieux, malgré les bons résultat d’Apple. Le groupe a fait un résultat net de510 millions de dollars sur le premier semestre 2012, 31% en dessous des prévisions des analystes selon Les Echos. Sa marge brute est passé de 7,25% à 4,02% en un an. Une contre-performance dûe aux mauvais chiffres de deux autres donneurs d’ordre du groupe : Nokia et Motorola.

Des chiffres qui laissent entrevoir l’éclatement de la bulle Apple. Les ventes d’iPhones s’annoncent moins bonnes que prévues, le cours en Bourse chute. Une grève dans les usines Foxconn ne risque pas d’améliorer la situation. En France, avant même la mort de Steve Jobs, les médias français n’ont jamais pas assez de louanges pour le génie de la marque Apple. Aujourd’hui, une icône est en voie de tomber.

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