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Après 28 ans de détention dont 12 passés à l’isolement, Abdelhamid Hakkar est sorti très discrètement dimanche de la centrale d’Enseisheim (Haut-Rhin) devant laquelle l’attendaient des proches. Placé sous bracelet électronique, il a rejoint Besançon (Doubs) où il est hébergé par sa famille.

Condamné à la réclusion à perpétuité en 1989, après six années de détention provisoire pour le meurtre d’un policier dans un braquage à Auxerre (Yonne), cet homme de 56 ans était devenu le symbole de la lutte en faveur des droits des détenus. Après plusieurs tentatives d’évasion, qui lui ont valu d’être placé à l’isolement dans plus de 45 établissements différents, Hakkar avait choisi la procédure pénale pour tenter d’obtenir la liberté et faire avancer la question pénitentiaire. Avec un certain succès.

En 1995, la cour européenne des droits de l’homme condamne la France pour l’avoir jugé dans un délai «non raisonnable». Deux ans plus tard, le Conseil de l’Europe sanctionne à nouveau la France pour «procès inéquitable», le verdict de 1989 ayant été prononcé alors qu’Hakkar, dépourvu d’avocat, n’avait pas assisté aux audiences.

Après plusieurs grèves de la faim, la nouvelle Garde des Sceaux, Elisabeth Guigou, crée en 2000 une «commission de réexamen des condamnations pénales». Hakkar, l’un de ses premiers bénéficiaires, est renvoyé devant une nouvelle cour d’assises… qui lui inflige à nouveau une condamnation à perpétuité. Défendu par Me Marie-Alix Canu-Bernard, ce détenu «à l’ancienne» qui fut longtemps la bête noire de l’administration pénitentiaire travaillera désormais au service de ses proches, dans une association d’aide à la réinsertion des détenus longues peines.

Le Parisien

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