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En 1999, l’ancien ministre de l’Économie a pris une position déterminante pour la suite du dossier Adidas.

L’affaire Tapie-Lagarde doit aller vite. Un calendrier est déjà fixé à la Cour de cassation, où le procureur général, Jean-Louis Nadal, doit décider s’il renvoie ou non le dossier devant la Cour de justice de la République (CJR). «Nous nous sommes donné quinze jours pour vérifier tous les éléments. Nous voulons aller vite pour éviter toute manipulation politique», assure-t-on dans l’entourage de Jean-Louis Nadal, qui a déjà géré le cas Woerth et a renvoyé l’ex-ministre devant la CJR. Le procureur général a été saisi vendredi par neuf députés socialistes qui dénoncent la procédure d’arbitrage ayant permis, en 2008, à Bernard Tapie de percevoir 285 millions et le rôle joué par la ministre de l’Économie, Christine Lagarde. En refaisant surface, ce dossier Adidas-Tapie, vieux de quinze ans et dans lequel droite comme gauche ont été impliquées, remue des eaux troubles.

Le camp Tapie, lui, compte les points. «Avant Lagarde, il y a eu DSK», rappellent ceux qui ont la mémoire de ces années de procédures.

Le 17 mars 1999, Dominique Strauss-Kahn, alors à Bercy, signe un courrier important: il dresse la liste des risques que le Consortium de réalisation (CDR, chargé de la gestion du passif du Crédit lyonnais) doit assumer pour le compte de la banque. Et y inclut Adidas. Une décision aujourd’hui contestée et qui sera lourde de conséquences pour les finances publiques. Désormais, Bernard Tapie change d’interlocuteur: l’État remplace les syndics de liquidation. Sans ce préalable, il n’aurait sans doute pas pu espérer percevoir un jour une somme aussi conséquente. Récemment, la Cour des comptes a souligné «la fragilité juridique» de cette lettre: «La Cour considère que le CDR s’est substitué à la responsabilité du Crédit lyonnais dans le dossier Adidas-Tapie au-delà de ce que pouvait autoriser le protocole» (qui, en 1995, fixait l’étendue des risques couverts par le CDR).

Le 12 novembre dernier, Didier Migaud, président de la Cour des comptes, s’en inquiète encore auprès de François Fillon: «La lettre du 17 mars 1999 va au-delà de l’autorisation donnée par le Parlement dans la loi du 28 novembre 1995, ce qui la prive de fondement juridique.» Dans sa réponse, François Fillon estime, lui, que le courrier de DSK n’a pas étendu mais seulement précisé le champ de la garantie du CDR. […]

Le Figaro

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