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Dans le cadre des séminaires Ermine à Rennes, Nelly Quemener, doctorante en Sciences de l’Information et de la Communication, ATER UFR Communication à l’Université Sorbonne Nouvelle-Paris III, Laboratoire CIM, a présenté une communication sur le thème : « Ma mère est black, mon père est noir et moi je suis métisse ! » Elle a fait un exposé de ses recherches à propos des humoristes français d’origine africaine ces dernières années.

Michel Leeb, une vision colonialiste ?


La question est difficile. Difficile d’échapper aux clichés coloniaux d’un Michel Leeb singeant un Africain stupide. Il a un fort accent, restreint l’homme noir à un corps et à une pensée simpliste. Ce sketch, rejoué de nombreuses fois et qui a fait la popularité de Leeb, a été très critiqué par les humoristes noirs : le rire est un rire moqueur, content de l’infériorité de cet Africain que l’on peut exploiter, puisqu’il est si proche de l’animal, de ce peuple joyeux, un peu simpliste et innocent, proche de nos Bécassine et de nos Banania . Les comiques actuels jouent de leur identité française et africaine de façon de plus en plus subtile.



Le Jamel Comedy ou le “gentil garçon arabe”


Spivac parle des minorités ethno-raciales qui ont moins « de facilité d’accès à l’impérialisme médiatique ». Le chef de file de cette évolution est Jamel Debouze qui incarne le gentil « garçon arabe ». Dans son émission qui va enfin être acceptée par les directeurs des programmes après les émeutes de 2006, au « Jamel comedy club », il va faire intervenir de nombreux artistes de toutes origines, leur point commun étant leur identité autre que seulement française. Jamel a dans sa troupe un gitan obèse, une jeune femme blanche qui justement s’appelle « Blanche », la banlieue est unificatrice, il orchestre le tout en chantonnant entre chaque sketch « c’est ça la France ».

Avec Jamel, c’est « la permanence des hiérarchies socio-culturelles », il met en scène son origine de banlieue sans revendication politique. Il retourne le cliché du jeune Arabe dangereux et retourne ainsi toute agressivité potentielle. De culture marocaine, il défend les valeurs familiales, sa religion musulmane. Il vient divertir les blancs du plateau, représentant le gars de banlieue qui a réussi, avec un double handicap physique et social, venant de banlieue et ayant un bras paralysé.

Mais Jamel est inoffensif, il s’éloigne de la critique politique et laisse toute sa place à l’hégémonie blanche. Il se réinstalle de lui-même au bas de la hiérarchie, par exemple quand il accueille Laetitia Casta et qu’il dit qu’elle est trop belle pour lui. Identité négative bien intégrée, comme l’a définie Louis Elegoet.

Agence Bretagne Presse

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