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Quatorze anciennes possessions françaises ont accédé à la souveraineté en 1960, principalement pendant les mois d’été de cette année-là. Pareil jubilé pourrait servir de prétexte pour analyser le passé et interroger l’avenir. Mais, alors que les dates fatidiques approchent, cet anniversaire menace plutôt de passer inaperçu, tant il se heurte à l’indifférence ou suscite un malaise lié à des ambiguïtés coloniales jamais dépassées.
Certaines armées invitées à défiler ont participé à de sanglantes répressions dans leur pays. “Ce jubilé, renchérit Nabbie Ibrahim Soumah, juriste guinéen, risque d’être ressenti comme une double peine : après la colonisation hier, ce sera la célébration de la Françafrique, un pied de nez aux populations en proie à la misère (…).”
Dix mois après sa nomination, M.Toubon (…) plaide pour que le cinquantenaire ne se limite pas à des commémorations, mais soit l’occasion d’annonces concrètes en matière de formation professionnelle des jeunes Africains, d’octroi de visas, de promotion de la diaspora africaine en France, et de “décristallisation” des pensions des anciens soldats coloniaux (égalisation avec les pensions servies aux Français).
Mais le calendrier politique français – débat sur l’identité nationale, élections régionales – a manifestement heurté ces ambitions. M.Sarkozy, qui devait lui-même lancer “2010, année de l’Afrique” en décembre dernier, y a renoncé. Le sondage, publié par M.Toubon, qui évalue à 69 % la proportion des Français ne se sentant “pas concernés” par le cinquantenaire, pourrait conforter ce silence.
“Qu’avons-nous fait de nos cinquante ans ?, se désole Abdou Rahmane Mbengue dans le quotidien sénégalais Walfadjiri. Voici un demi siècle que nous portons le bonnet d’âne de l’humanité.” Dans le quotidien Le Messager de Douala, l’historien camerounais Achille Mbembe renchérit : “Y a-t-il vraiment quoi que ce soit à commémorer ou faut-il au contraire tout reprendre ?” Le Monde

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