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Aider les entreprises à relocaliser, mais sans passer forcément par une prime : après des décennies de délocalisations, les états généraux de l’industrie organisés par le gouvernement cherchent le moyen d’inverser la tendance pour revitaliser le tissu industriel français.
Le spécialiste des arts de la table Geneviève Lethu, les jouets Smoby, le groupe industriel Gantois… ces dernières années, plusieurs entreprises françaises ont rapatrié des activités qui étaient implantées à l’étranger, en Extrême-Orient ou ailleurs.
Les relocalisations en France restent toutefois des exceptions. El Mouhoub Mouhoud, professeur à l’université de Paris Dauphine, estime qu’il y a “globalement une relocalisation pour dix délocalisations.

C’est dans ce but que le comité des états généraux propose dans un rapport rendu lundi “d’aider des entreprises à étudier leur projet de relocalisation, à valider sa faisabilité et à réaliser les investissements productifs et les créations d’emplois.” Mais sans parler de prime à la relocalisation comme l’avait fait le ministre de l’Industrie. “Nous sommes extrêmement sceptiques sur les aides financières,” explique Yvon Jacob, du Groupe des fédérations industrielles (GFI), membre du comité.


Le mouvement de délocalisation a commencé dans les années 1970. Dernier exemple qui a défrayé la chronique, l’éventuel transfert de la production de la Clio de Renault vers la Turquie. Les raisons qui poussent les sociétés à revenir dans l’Hexagone sont les problèmes de qualité, de délais de livraison, de productivité, la hausse des coûts du transport liée à celle du prix du fioul…

C’est le cas de Majencia, une PME implantée à Saint-Cloud. En 2005, la société rapatrie une ligne de meubles de bureau dans l’Oise, après cinq ans passés à Canton où les coûts de fabrication sont 20% moins élevés.
Mais l’augmentation des coûts du transport grignote les gains réalisés en Chine. “On a préféré payer des salaires en France que du pétrole,” résume le PDG Vincent Gruau.

L’entreprise, en revenant en France, fournit du travail supplémentaire à son usine de Noyon, dans l’Oise, qui souffrait de chômage technique. Mais pour réduire ses coûts, Majencia doit automatiser certaines opérations auparavant réalisées par des ouvriers. Le distributeur de lunettes Atol a suivi le même chemin. En 2003, il confie la fabrication de lunettes à un sous-traitant chinois, qu’il rapatrie deux ans plus tard dans le Jura. Une décision rendue possible car ces lunettes sont du haut-de-gamme. “On peut relocaliser dès lors qu’on a une vraie valeur ajoutée,” estime le directeur général délégué Philippe Peyrard.
Les deux chefs d’entreprise sont favorables à des mesures de soutien aux relocalisations, mais pas forcément une prime. Les économistes sont aussi sceptiques sur l’intérêt d’une aide financière. Pour M. Mouhoud, plutôt qu’aider les entreprises, il vaut mieux s’intéresser aux bassins d’emplois et “créer des conditions favorables à l’activité économique en augmentant le niveau de qualification des salariés et en développant les transports, les télécommunications“. Il ne faut pas non plus espérer que les relocalisations créent des emplois car les entreprises doivent automatiser leur production pour réduire les coûts. En revanche, créer les conditions pour freiner les délocalisations permettraient “de maintenir le tissu productif local,” selon lui.
Les Échos

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