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Le “Grand Emprunthon” fera donc perdre à la France sa prestigieuse notation AAA donnée par l’agence Fitch Ratings qui déclare dans son communiqué ne pas comprendre les raisons pour lesquelles un État “s’inflige” un tel alourdissement de sa dette dans une situation où ses déficits sont déjà fort substantiels…
La France, qui était à ce jour une des économies majeures ayant le moins souffert de la crise, se retrouve ainsi au banc des “mauvais élèves” du fait d’un déficit budgétaire qui sera de 8.5% de son P.I.B. l’an prochain et d’un ratio d’endettement global rapporté à son P.I.B. qui explosera autour des 90% l’année suivante ! En fait, la France – comme les États-Unis – devrait s’estimer heureuse d’avoir conservé à ce jour cette notation AAA retirée au Japon alors que son ratio n’en était à l’époque qu’à 80%…
Dans un tel contexte où l’ensemble des nations dites “développées” se livrent à une véritable course aux déficits, leurs (et nos) dirigeants, comme toujours déconnectés des réalités, relativisent, temporisent et clament haut et fort leur volontarisme à redresser une situation d’ores et déjà désespérée.

En réalité, les dirigeants de nos nations modernes, à Washington comme à Paris, barbotent allègrement – et sans nulle résistance de la part du citoyen contribuable – dans la mare fétide du “deficit spending” car la culture de l’endettement à outrance fait désormais partie intégrante de notre … identité Occidentale savamment entretenue par un establishment financier dont les revenus sont directement proportionnels à nos dettes et qui dicte ses volontés à un pouvoir politique nettement plus préoccupé de communication que de mesures d’assainissement par nature impopulaires mais qui éviteraient le cataclysme financier à venir.

La situation est en effet d’autant plus dramatique que nous développons au fil des mois une dangereuse accoutumance aux zéros dans le sens qu’un déficit Américain d’un milliard de dollars qui nous semblait très élevé il y a quelques années fut progressivement remplacé par un chiffre exprimé en centaines de milliards jusqu’à ce que l’expression de “trillion” se doive d’être utilisée afin de mesurer l’ampleur des dégâts…
Ces chiffres affolants, qui comprennent 12 zéros et qui portent aujourd’hui l’endettement public US à plus de 140% du P.I.B., ne sont pourtant qu’un entremets sans y ajouter l’endettement des ménages Américains ( le plus élevé au monde à 99% du P.I.B. ) et l’endettement des entreprises US ( également le plus important au monde à 317% du P.I.B. ) dont la combinaison fait atteindre à l’endettement US le palier incroyable des 557% du P.I.B. ! Faisons-nous encore plaisir en tenant compte de toutes les aides sociales non provisionnées dans les comptes de l’État Fédéral Américain : l’endettement global des États-Unis d’Amérique atteint dès lors l’Everest à 840% de leur P.I.B. !
En un mot comme en mille, nos déficits publics ( et privés ) enregistrent aujourd’hui des niveaux invraisemblables, impossibles à assumer sur le moyen comme sur le long terme car les seuls intérêts annuels de la dette Américaine ne sont désormais plus compensés par l’ensemble des recettes fiscales annuelles du pays.
Dans de telles conditions, le réflexe “naturel” ou Pavlovien de nos autorités est bien-sûr de générer une nouvelle dette qui permettra de financer l’ancienne. C’est effectivement ainsi qu’Obama augmentera l’endettement de son pays de 6 trillions de dollars en quatre ans, c’est ainsi que son prédécesseur a alourdi cet endettement de 1.5 trillions lors de son second mandat. Comment s’étonner dès lors que la monnaie subisse une perte de confiance généralisée au profit de valeurs dites refuges comme l’Or ? La relique barbare vaudra en effet toujours plus et mieux que les coupures de Monopoly que deviendront bientôt nos devises Occidentales.
La Grèce est ainsi le tout premier exemple de nation dite moderne à sombrer dans les affres de l’insolvabilité en dépit de tous les critères artificiels – parce que seulement appliqués en période de prospérité – imposés par l’Union. L’Irlande et ses déficits combinés de 14.7% de son P.I.B. ou la naguère fière Grande Bretagne avec ses 12.9% sont très éloignées du palier des 3% prescrit par l’Union Européenne, sachant que le déficit moyen Européen de 6.9% est supérieur au double de ce critère…
L’opportunisme, le calcul politique et le manque de courage a conduit nos États Occidentaux à ne jamais calquer leurs dépenses publiques sur la croissance économique réelle. En contrepartie de cette vision court-termiste indigne d’hommes d’État responsables, il est absolument irréaliste de miser sur une majoration de la fiscalité des classes moyennes – déjà à son summum – sans mettre en péril irrémédiablement la très faible croissance qui semble se mettre en place et sans encourager le développement des économies parallèles, apanage des nations ” en développement…
La problématique de l’endettement sera donc tant bien que mal gérée au jour le jour par nos Gouvernements jusqu’à ce qu’un point de non retour soit franchi.
Agoravox

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