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Gérard Noiriel, communiste, directeur d’études à la très gauchiste École des hautes études en sciences sociales

Pourquoi les gens “se sentent” ou ne “se sentent pas” français est une question très subjective. Les réponses peuvent varier, en fonction du contexte, du milieu social… Ce n’est pas à l’Etat de fixer le “sentiment d’appartenance” des citoyens. Et il n’existe aucun critère objectif pour mesurer ce genre d’émotions.
De même, il n’existe aucun consensus sur la définition des “valeurs républicaines”. Depuis 1789, ces “valeurs” ont été un enjeu des luttes politiques. L’absence de définition et de critère laisse la porte ouverte à toutes les formes d’arbitraires.
Ces questions ne sont jamais posées aux Français “de souche”, mais uniquement à ceux qui sont suspectés a priori de ne pas respecter ces “valeurs républicaines”. Nous avons là, semble-t-il, un réaménagement du vieux discours conservateur sur l’immigration.
Jusque dans les années 1980, ce discours opposait les Français “de souche” aux étrangers. Comme les historiens ont montré ce que ce pays devait à l’immigration, les conservateurs opposent désormais les “bons immigrés” d’hier, intégrés en “respectant les valeurs républicaines”, et les mauvais d’aujourd’hui présentés comme une menace pour l’identité nationale.
Si, avec sept autres collègues, nous avons démissionné du conseil scientifique de la Cité de l’immigration, c’est pour protester contre la création d’un ministère qui présente l’immigration comme une menace pour l’identité nationale. Cette manière de stigmatiser une partie de la population est antinomique avec ma conception des “valeurs républicaines”.
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