Œillades libidineuses, mains baladeuses, regards insistants, insultes, intimidations, courses-poursuites… «Je pense que chaque femme a une histoire à raconter sur le RER», nous confie Alicia, qui vit entre Paris et Amsterdam. Elle dit se sentir bien plus en sécurité dans la capitale des tulipes. Et partage le sentiment de la Brésilienne agressée le 15 octobre dernier, qui a déclaré au Parisien : «rien ne protège les femmes dans les transports en France». Claire Geromini, qui a fondé l’association d’aide aux victimes d’agressions sexuelles «Éclats de Femmes» après avoir subi un viol en plein Paris par un homme sous OQTF, acquiesce : «ce n’est pas la première fois que j’entends ça. Des amies qui ont habité à Mexico me disaient qu’elles se sentaient plus en sécurité à Mexico qu’à Paris. J’ai trouvé ça hallucinant».
En mars 2025, une étude de l’Observatoire national des violences faites aux femmes a révélé que le nombre de victimes de violences sexuelles dans les transports en commun avait augmenté d’environ 86% en près de dix ans.
Clothilde a appris à ne jamais monter seule dans un wagon. Inès enlève son casque pour «écouter l’environnement». Adèle tient ses clefs entre ses doigts, comme des griffes. Lisa se «crée une bulle de protection» grâce à ses écouteurs plantés dans ses oreilles. Joe ne laisse jamais un homme s’asseoir derrière elle. Lola met plusieurs couches de vêtements. Tiphaine s’assoit à côté d’un homme qui inspire confiance. Élodie a toujours une bombe au poivre dans son sac. Hortense se promène avec un parapluie avec une pique au bout. Certaines utilisent, en cas de danger imminent, la «technique du dindon» : pousser des cris d’animaux pour singer la folie.




