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Le Capsys  est l’unité consultation d’accompagnement psychiatrique et social, lancée en mars 2021, du groupe hospitalier universitaire psychiatrie & neurosciences de Paris. Situé dans un bâtiment discret du 1er arrondissement, ce service est exclusivement dédié à la santé mentale des migrants en situation de précarité en Ile-de-France, qu’ils soient demandeurs d’asile, réfugiés ou sans-papiers. En 2024, le Capsys a réalisé 6 280 consultations, contre 1 416 en 2021. Face à une telle croissance, « il faudrait que nous soyons le double[de soignants] » , assure Andrea Tortelli, psychiatre, responsable – et à l’origine – de l’unité.

Trois psychiatres, une psychologue, un infirmier, tous accompagnés d’interprètes, si nécessaire, y reçoivent des exilés venus le plus souvent d’Afghanistan, mais aussi de Guinée, du Soudan, ou encore d’Ukraine. Ce dispositif est financé par l’agence régionale de santé et son accès est gratuit.

En cette fin de matinée de juillet, la salle d’attente est déjà saturée. Maria Vittoria Carlin, sourire immuable, vient de passer cinquante-six minutes avec Fatou (les prénoms des patients ont été modifiés). Cette Sénégalaise consulte pour la première fois une spécialiste de la santé mentale.

Maria Vittoria Carlin explique son rôle. Le plus souvent, car ces migrants n’ont jamais eu affaire à un « psy ». La médecin invite Fatou à se confier. Elle évoque un mariage forcé, un époux violent, ses cicatrices dans le dos. Puis, un jour, le mari a brûlé des ordures, le feu s’est propagé à une maison, un enfant est mort. « Mon mari s’est enfui, raconte-t-elle. Le chef de village a décidé de me donner au monsieur qui a perdu son petit. » Paniquée, elle a confié ses trois enfants à une proche avant de fuir. Direction l’Europe, après trois jours en mer. En France, sa demande d’asile a été rejetée. Quand elle ne dépend pas du 115, Fatou dort dans le métro. […]

Le Monde

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