Elle n’était, semble-t-il, pas la bienvenue. La venue de la princesse Esméralda de Belgique à la Biennale de São Paulo, le 6 novembre, était pourtant “prévue de longue date”, nous raconte-t-elle. “Je devais participer à une conversation avec le grand photographe brésilien João Farkas. Nous devions évoquer les photos de mon père (Léopold III, ndlr), des expositions que nous avions réalisées, ainsi que du film Amazonie, cœur de la Terre Mère, co-réalisé et co-produit avec Gert Peter Bruch.” Mais la princesse, connue pour son engagement en faveur de la planète, des droits de l’Homme et des premiers peuples, n’en a pas eu l’occasion.
Le commissaire de l’exposition Soh Bejeng Ndikung, d’origine camerounaise, a fait savoir que sa présence pourrait “gêner les artistes”, issus à 80% de la diaspora africaine, selon Fohla de S.Paulo, le deuxième journal le plus diffusé au Brésil. La raison invoquée ? Son lien de parenté avec le roi Léopold II connu pour les exactions perpétrées sur la population congolaise entre 1885 et 1908. Et tandis qu’elle assiste, le 5 novembre, aux Earthshot Prize organisés par le prince William à Rio de Janeiro, Esméralda apprend que l’événement n’aura pas lieu. “J’ai appris la veille que la conférence était annulée. C’était vraiment un choc”, nous confie-t-elle.
“Nous ne sommes pas responsables de nos ancêtres. Par ailleurs, Léopold II n’est même pas un ancêtre direct puisqu’il s’agit de mon arrière-grand-oncle.” Jamais cette situation, qu’elle juge “injuste”, ne lui était encore arrivée. Si bien qu’elle ne comprend pas pourquoi elle a été visée, alors qu’elle a toujours condamné fermement ces atrocités. “Depuis des années, lors de mes conférences ou dans mes articles, j’explique que la période coloniale belge est l’une des plus violentes et des plus terribles de toutes les colonisations européennes. Je crois qu’il est essentiel de présenter des excuses à tous ces pays qui ont subi des dommages physiques et moraux.”
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