Un message glaçant, « Contrat de 100 k sur sa tête », a circulé en mars dernier sur une boucle Telegram baptisée Brozer Mafia, suivie par plus de 5 000 personnes. Le message, accompagné du nom et de la photo d’un juge d’instruction de la région parisienne, promettait 100 000 euros pour son assassinat et revendiquait une appartenance à la DZ Mafia. Ce projet d’exécution, pris « très au sérieux » par la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco), a déclenché une enquête menée par l’Office anti-cybercriminalité et l’OCLCO. Le magistrat visé a aussitôt été placé sous protection.
Les investigations ont permis d’identifier deux suspects, âgés de 21 et 36 ans, tous deux nés au Brésil. Selon Franceinfo, ils auraient été mis en examen par le juge ciblé dans une affaire de proxénétisme. L’un est décrit comme « l’instigateur du projet », l’autre comme « l’administrateur de la chaîne Telegram ». Ils ont été interpellés et mis en examen pour « association de malfaiteurs en vue de commettre un assassinat » et pour « administration de plateforme en ligne permettant des transactions illicites, en bande organisée ».
« Ces menaces sont prises très au sérieux », a souligné la procureure de Paris Laure Beccuau, évoquant « le profil de personnes ayant déjà démontré leur capacité à recourir à une violence extrême et disproportionnée ». Elle a ajouté : « Lorsqu’un juge est menacé, ce sont à travers lui l’État et les institutions garantes du fonctionnement de la démocratie qui sont menacés. » Derrière ce contrat à six chiffres, c’est l’ombre d’une criminalité organisée qui s’affiche désormais ouvertement, sur les canaux numériques où l’État peine à reprendre la main.