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(…) Dans le bâtiment, la restauration, les soins à la personne, le ménage, des emplois sont à pourvoir qui ne répondent guère aux aspirations d’une population qui rechigne à des travaux fatigants et faiblement rémunérés. Bon nombre de travaux saisonniers dans l’agriculture ne pourraient pas être effectués sans faire venir des travailleurs d’Europe de l’Est ou du Maroc (ramassage des légumes, cueillettes des fruits, etc.). Au premier semestre 2022, ce sont ainsi plus de 22 000 saisonniers étrangers qui sont venus travailler en France [2], dont 75 % sont des Marocains. Des accords ont également été conclus entre la fédération de l’hôtellerie restauration et la Tunisie, afin de faciliter la venue de travailleurs temporaires. En 2021, en France, la population d’origine étrangère affichait un taux de chômage de 12,3 % contre 7,9 % pour la population nationale. En 2017, on comptait ainsi 20,5 % d’Africains au chômage, 16,7 % de Marocains ou encore 15,7 % de Turcs (Insee, 2017). S’il y a indéniablement des immigrés qui viennent en France pour travailler et qui ont un emploi, beaucoup sont en France tout en étant au chômage, avec des taux qui dépassent largement ceux des nationaux. On pourra ainsi trouver curieux de faire venir une main-d’œuvre étrangère pour travailler quand il y a déjà des immigrés en France qui sont sans emploi. Selon les données de l’OCDE, 41 % des migrants qui sont venus en France entre 2005 et 2020 le sont pour une raison de famille quand le travail n’a concerné que 10,1 % des arrivées sur la même période. 

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La solution ne réside donc pas dans un affaiblissement du tissu industriel et productif par l’adjonction de main-d’œuvre peu qualifiée et productive, mais par une croissance de la productivité grâce à une mécanisation accrue ; ce qui est une constante de l’histoire économique. Comme l’ont démontré les travaux de Jean Fourastié, la mécanisation détruit des emplois devenus obsolètes et peu attractifs, créant des secteurs économiques nouveaux, générant des emplois adaptés aux nouvelles aspirations des populations. L’invention de la moissonneuse-batteuse a libéré de la main-d’œuvre dans l’agriculture, qui a pu ainsi s’employer dans l’industrie, métiers moins pénibles et mieux rémunérés que les travaux des champs. La robotisation du secteur industriel a ensuite engendré toute une nouvelle économie, services à la personne, numérique, etc., là aussi beaucoup plus attirante. La mise au point de robots pour désinfecter et nettoyer les toilettes (Japon), pour ramasser les fruits mûrs (Israël), pour livrer des colis (États-Unis), rendent ainsi non nécessaire l’immigration massive de main-d’œuvre que l’on fait venir en France pour se dédier à ses tâches. La main-d’œuvre servile d’aujourd’hui sera le chômage de demain, car elle sera remplacée dans les années qui viennent par la robotisation déjà en cours. Il ne s’agit pas là de science-fiction, mais de réalités déjà existantes dans plusieurs pays. En Chine, le développement de la 5G a permis de très largement automatiser les ports, tel Shanghai, permettant de se passer des dockers. 

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L’idée de faire venir davantage de main-d’œuvre étrangère résulte donc d’une vision statique de l’économie, qui ne correspond pas au dynamisme des inventions et des innovations. Si se projeter dans le futur est souvent difficile, tant il est impossible de prévoir ce qui va être créé, un détour par l’histoire économique permet de comprendre ce que nous allons connaître, tant ces débats de manque de main-d’œuvre et de développement de la productivité par la mécanisation ont déjà été affrontés et résolus dans les décennies passées. Il ne faudrait pas que, oubliant les leçons du passé, nous répétions les mêmes erreurs, au risque de se retrouver avec des masses de populations entrées sur le territoire qui, venues pour être employées, se retrouvent désœuvrées, avec les problèmes politiques et sociaux que cela engendre. 

Conflits

Merci au Baron Fou.

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