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Jets de peinture sur des tableaux célèbres, blocage des routes, campements sauvages… S’ils veulent vraiment faire bouger les choses, les militants pour le climat doivent repenser fondamentalement leurs stratégies de perturbation. L’impasse stratégique que connaissent les mouvement écologistes radicaux en Allemagne et aux Etats-Unis éclairent les difficultés analogues des mouvements radicaux en France.

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Lorsqu’on se trouve dans une telle impasse, il est tentant de chercher l’inspiration ailleurs. Letzte Generation semble ainsi se tourner vers l’alliance américaine Climate Defiance, qui a attiré l’attention ces derniers mois avec ses actions centrées sur des personnes publiques. L’idée est qu’au lieu de bloquer les automobilistes pour forcer les décideurs à agir, il serait plus efficace de bloquer les décideurs eux-mêmes, en perturbant leurs événements, en interrompant leurs discours et même en les poursuivant d’un bout à l’autre bout de la ville s’il le faut. Parmi les principales victimes de cette nouvelle forme de protestation figure le secrétaire adjoint à l’Intérieur des États-Unis, Tommy Beaudreau, qui a été pris pour cible par des militants du climat après avoir approuvé un projet de forage pétrolier en Alaska. Lorsqu’il a démissionné quelques semaines plus tard, Climate Defiance a interprété son geste comme une confirmation de son impact et a lancé cet avertissement belliqueux : « Respectez-nous ou nous viendrons pour vous », une attitude ami/ennemi qui rappelle davantage Carl Schmitt que le mouvement des droits civiques dont les militants se revendiquent.

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Même des ministres bien établis, comme la figure montante des Démocrates, Pete Buttigieg, aujourd’hui secrétaire d’Etat aux transports, ont fait l’expérience personnelle de la colère des manifestants. Quelques semaines seulement après que les militants ont joué au chat et à la souris avec Beaudreau, une horde de partisans de Climate Defiance a pris d’assaut la scène lors d’un événement à Baltimore, criant « Stop Petro Pete », et allant jusqu’à haranguer leur cible directement. Ils s’attaquaient à Buttigieg car son ministère avait approuvé un projet pétrochimique au Texas qui pourrait entraîner l’équivalent des émissions de 80 centrales à charbon en gaz à effet de serre. Ils ont également protesté contre le fait que les effets néfastes du projet sur les communautés indigènes locales étaient passés sous silence. Pour eux, il s’agissait de dénoncer le « racisme environnemental » autant que « l’impact de ce projet sur le climat ». Finalement, le ministre, qui n’a que brièvement tenté de répondre, a été évacué par le personnel de sécurité, tandis que les militants se réjouissaient de le voir quitter la scène, devant une salle alors presque vide.

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