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Blandine, Séverine, Irène, Élodie, Manon, Béatrice et Carole (tous les prénoms ont été changés). Ces sept femmes ont en commun d’avoir fréquenté, au moins une fois, le cabinet d’un même gynécologue, celui du Dr Saïd C., à Chartres (…)

L’affaire commence en décembre 2018. Blandine se rend pour la première fois chez un gynécologue obstétricien. Elle pense avoir pris rendez-vous avec le Dr Afif M., mais celui-ci est absent, remplacé par son confrère, le Dr Saïd C., qui partage les mêmes locaux. (…)

Lors de l’examen, le médecin introduit un speculum très fin dans le vagin de sa patiente et ne décèle aucun problème. Il demande à Blandine de revenir la semaine suivante avec son conjoint (…) « Il a mis ses doigts dans mon vagin, comme pour un toucher vaginal, expose-t-elle à un officier de police judiciaire en juin 2020. Je lui ai dit que c’était douloureux. Il a continué et après c’était vraiment douloureux. J’ai commencé à crier et à lui demander très clairement d’arrêter. »

Blandine est en pleurs, elle règle la consultation et quitte le cabinet sans mot dire. Son petit ami reste abasourdi par ce qui vient de se produire. Avec quelques jours de recul, la jeune femme a le sentiment très net d’avoir subi un viol et décide de saisir le conseil de l’ordre des médecins de l’Eure-et-Loir.

Cette instance ne connaît que trop bien les antécédents de Saïd C. Depuis la fin des années 1990, les membres de la chambre disciplinaire ont été saisis par une demi-douzaine de patientes qui ont formulé divers griefs à son encontre (…)

Plus globalement, le Dr Saïd C. se défend de toute familiarité excessive à l’égard de ses patientes et dément en complimenter certaines sur des critères physiques. « Je respecte la femme, je la traite comme une dame… Le tutoiement, ça m’arrive mais ça dépend des patientes, c’est un peu affectueux. Je suis d’origine libanaise. Or, le tu et le vous, c’est la même chose en arabe… » Un argument qui n’empêche pas une première mise en examen pour viol « par personne abusant de l’autorité que lui confère sa fonction ».

Le commissariat de police de Chartes subodore l’existence d’autres victimes et décide de lancer un appel à témoins sur les réseaux sociaux. C’est ainsi que Séverine se fait connaître. Elle avait 16 ans lorsqu’elle a été auscultée par le Dr Saïd C. dans le courant de l’année 2010. (…)

Fidèle à lui-même, le gynécologue conteste en bloc tous les faits reprochés, sur le mode : « Je suis chirurgien, je sais ce que je dis. » L’expertise psychologique du docteur a souligné l’existence « de traits mégalomaniaques » menant « à une forte idéalisation de soi ». Contacté, son avocat n’a pas donné suite à nos sollicitations.

L’ambiance très sexualisée qui semblait régner dans le cabinet de gynécologie partagé pendant plus de dix ans par les docteurs Saïd C. et Afif M. continue aujourd’hui de poser question (…) l’information judiciaire ne semble pas avoir exploré pour le moment le fonctionnement de ce duo de gynécos.

Afif M. a pourtant été condamné en 2022 par le tribunal correctionnel de Chartres à deux ans de prison dont un an avec sursis pour agression sexuelle. En novembre 2020, il avait passé plusieurs heures dans son bureau avec une patiente de 19 ans qu’il avait incitée à boire de l’alcool en grande quantité avant de l’embrasser et de la caresser. Il a depuis été radié de l’ordre des médecins.

Le Parisien

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