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Le conflit opposant ces bandes criminelles rivales est à l’origine de 73% des faits d’homicides ou de tentatives d’homicide sur fond de trafic de stupéfiants en 2023 à Marseille. Derrière cette guerre de territoires se cache un contentieux ayant débuté loin des frontières françaises.

Un tag de couleur rose est inscrit sur un mur : «Yoda», comme pour marquer le territoire de ce gang dont le contentieux avec son ennemi juré, la DZ Mafia, est responsable d’au moins une trentaine de morts dans la cité phocéenne. Depuis début 2023, ces mystérieux allias font la une de la presse au gré des règlements de compte qui ont miné les nombreux quartiers sensibles de Marseille, là où le trafic de drogue bat son plein et représente une source de revenu abondante pour les criminels.

Les coups de feu ont étrangement cessé, laissant place à une forme de cessez-le-feu inquiétante. Le conflit s’est-il enlisé ? L’action de la police, qui a contribué à faire arrêter 138 membres des deux gangs, la «pénurie» de combattants disponibles ou l’idée selon laquelle un camp aurait pris l’ascendant sur l’autre sont des explications crédibles. En attendant, les figures des «DZ» et de «Yoda» continuent d’agir dans l’ombre, à l’abri des regards.

Les fins observateurs du conflit opposant la DZ Mafia à Yoda situent sa genèse au mois de février 2023, dans une sombre boîte de nuit située à plus de 9000 kilomètres de la France. À l’époque, deux dangereux individus se tirent dans les pattes depuis de longs mois pour le contrôle des points de deal de la Paternelle.

Mehdi L., dit le «Tic», est le patron des DZ Mafia, un sigle désignant familièrement les personnes originaires d’Algérie. Lui et son frère sont bien connus de la justice et ont été condamnés en 2017 respectivement à 10 et 25 ans de réclusion criminelle dans le cadre de l’affaire du «barbecue marseillais». Les deux trentenaires et un commanditaire ont été reconnus coupable d’un triple meurtre survenu le soir de Noël 2011, à Marseille, sur fond de trafic de stupéfiants. Trois jeunes hommes avaient été attirés dans un guet-apens avant d’être abattus, déposés dans leur voiture et brûlés avec le véhicule. En prison, les deux frangins ne peuvent plus gérer leurs affaires courantes, essentiellement liées au trafic de stupéfiants. Dans leur dos, Félix B., alias «le Chat», jubile. L’absence des deux frères, qui cohabitaient avec le Chat entre les murs de la Paternelle, conduit Félix B. à développer tranquillement son business avec ses alliés du clan des Yoda, du nom du héros de Star Wars dont la figure est taguée sur un mur de la Paternelle. Un affront qui ne passe pas aux yeux de ses voisins de toujours.

La suite de l’histoire est encore plus connue et pourrait avoir droit à sa propre adaptation dans un long métrage policier. Dans une boîte de nuit thaïlandaise, le Tic et le Chat se retrouvent nez à nez, au plus fort du climat de tension qui s’est installé entre eux. Au cours d’un échange houleux, l’un des caïds reçoit plusieurs glaçons sur la tête en guise de provocation, déclenchant une bagarre générale.

Après cet épisode, une véritable «vendetta» se met en place à la Paternelle mais aussi ailleurs dans des cités hébergeant des points de deal appartenant aux deux gangs. «Les deux groupes, qui travaillaient jusque-là en bonne intelligence, se sont entretués au nom de motifs futiles»

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