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« Qu’ils me les rendent… je ne les poursuivrai pas » : à Pujols (47), Lila ne se remet pas du cambriolage où 27 médailles ont été volées, celles de son mari et de son beau-père, deux héros de guerre aujourd’hui décédés

(…) Le samedi 13 janvier, tandis qu’elle s’absente le temps de faire des courses vers 18 h 30, des hommes, qui visiblement surveillaient ses allées et venues, pénètrent dans sa maison, située à Pujols, au cœur d’une zone pavillonnaire, en fracturant la porte-fenêtre au moyen d’un pied de biche, mettent le logis sens dessus dessous, et parmi le maigre butin qu’ils emportent : les 27 médailles que possédait son mari Francis, infatigable défenseur du devoir de mémoire et des valeurs de la France libre, figure des anciens combattants dans le département, décédé en 2019. (…)

« Parmi ces décorations, 17 lui avaient été attribuées, notamment la Croix de guerre que lui avait remis le général Brosset après la bataille d’Obenheim, détaille sa veuve en montrant une photo prise lors de l’événement. Il y avait aussi sa Légion d’honneur et ses palmes académiques qui lui avaient été décernées en raison du travail qui l’a accompli pendant trente ans auprès des jeunes. » Les dix autres médailles étaient celles de Prosper Ruffier-Monet, le père de Francis, décoré durant la Grande Guerre, mais également par la Ville de Narbonne (une rue de la cité occitane porte d’ailleurs son nom) décernées pour son action auprès des plus démunis. (…)

« Ces médailles n’ont aucune valeur marchande, déplore Gabriel Pichon, président de l’Union départementale des anciens combattants. Cette affaire est pathétique, mais à notre époque, tout est permis. Tant que la justice sera laxiste, on aura ces gens qui ne respectent rien et qui volent des médailles d’un soldat sans connaître son passé. »

Francis Ruffier-Monet avait rejoint les FFL en Afrique du Nord, en mai 1943, à tout juste 20 ans. Observateur d’artillerie au sein de la 1ʳᵉ Division de la France Libre (DFL), le jeune soldat fait la campagne d’Italie, combat de Garigliano, Pontecorvo, Monte Cassino et Radicofani, au cours desquels il est cité à trois reprises pour la Croix de guerre. Le 13 août 1944, c’est l’opération Dragoon et le débarquement en Provence. Fait prisonnier le 11 janvier 1945, en Alsace, à Obenheim, théâtre de la résistance héroïque de la 1ʳᵉ DFL face aux panzers allemands qui déferlent en même temps que la contre-offensive de l’armée hitlérienne, Francis Ruffier-Monet s’évade de son camp de Nuremberg le 14 avril, profitant d’un bombardement allié. Il est décoré dans la foulée de la médaille que les voleurs ont emportée, dérobant son histoire avec.

Sud Ouest

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