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20/10/2023

Autre rôle majeur, l’« aide au récit » : officiellement, il s’agit de remplir le dossier que les demandeurs d’asile présenteront devant l’Office français pour les réfugiés et apatrides (Ofpra), ou devant la Cour nationale du droit d’asile (CNDA) s’ils sont déboutés. Or de lourds soupçons pèsent sur ces récits : plusieurs spécialistes suspectent les associations de proposer aux migrants des narrations clés en main pour maximiser leurs chances. Marianne s’est entretenu avec un juge de la CNDA, qui constate qu’on « retrouve systématiquement les mêmes récits, à grande échelle, selon les pays. Les ressortissants de tel pays asiatique sont tous membres du même parti politique, les femmes originaires de tel pays africain racontent toutes la même histoire, détails compris, de mariage forcé ou de menace d’excision… »

UN ÉTAT CONTRAINT

Sur un plan plus institutionnel, le secteur associatif sait se montrer influent. Toute décision visant à durcir les procédures est combattue avec acharnement devant les tribunaux administratifs. En 2021, les associations se sont ainsi félicitées de la décision du Conseil d’État de retirer le Bénin, le Sénégal et le Ghana de la liste des « pays sûrs », après saisine de la justice administrative.

Globalement, l’État est contraint, estime notre source de la CNDA, par « un écosystème très puissant qui favorise les migrations : les avocats, les réseaux de passeurs, la haute fonction publique, les diasporas, les associations auxquelles il verse de l’argent pour conseiller les demandeurs d’asile contre lui… » Didier Leschi constate de son côté que « le problème de fond, c’est que l’idée même d’une maîtrise des flux migratoires et du principe de reconduite à la frontière est contestée, le plus souvent sans l’assumer explicitement, par toute une série de milieux dont les associations ne sont que la pointe avancée ».

Marianne

19/10/2023

En plus de l’aide humanitaire qu’elle apporte aux immigrés et aux réfugiés, notamment à travers ses centres d’hébergement d’urgence, la Cimade est aujourd’hui partenaire de l’État en intervenant directement comme prestataire d’une mission publique, grâce à des marchés publics qu’elle a remportés, pour assurer notamment une assistance juridique aux étrangers retenus dans les Centres de rétention administrative (CRA). C’est ce qui lui vaut d’être pour moitié financée par de l’argent public (6,4 millions d’euros en 2022, à quoi s’ajoutent 5,3 millions d’euros de dons et de financements privés), que ce soit en rétribution de ses prestations ou grâce aux subventions de très nombreuses collectivités locales notamment. Déjà en 2007, un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales avait pointé la trop forte dépendance de la Cimade aux financements publics, notamment gouvernementaux. La situation n’a guère changé depuis.

Le paradoxe est que la Cimade agit directement en contradiction avec les orientations politiques gouvernementales et l’assume sans ambages. En plus d’une très importante activité de lobbying, et de financement de festivals, films ou œuvres diverses visant à promouvoir un monde de frontières ouvertes ou la régularisation massive de sans-papiers (l’an passé, les militants de la Cimade tenaient même un stand… à l’entrée du concert de Coldplay), la Cimade intervient également à de nombreuses reprises dans le débat public, pour critiquer ouvertement la position de la France en matière d’asile et d’immigration.

Ainsi en 2022, les actuels président et secrétaire générale de la Cimade, Henry Masson et Fanélie Carrey-Conte (ancienne députée socialiste, frondeuse sous le gouvernement de Manuel Valls) écrivaient dans Le Monde que «rien n’empêchera des personnes au désespoir de quitter leur pays, même au péril de leur vie», et prônaient «une société de l’accueil inconditionnel, où l’on fait primer l’humanité sur le statut administratif».

Cette politisation assumée de l’association se heurte parfois aux exigences fixées par l’État dans ses marchés publics : en 2020, plusieurs associations dont la Cimade s’étaient émues d’une clause de confidentialité notifiée aux personnels associatifs intervenant dans les CRA, y voyant… une menace pour leur liberté d’expression. C’est au nom de cette même liberté d’expression, du reste, que la Cimade est un soutien historique de la cause palestinienne, allant jusqu’à soutenir le mouvement «Boycott – Désinvestissement – Sanction», une campagne pourtant condamnée par l’Union européenne au motif qu’elle renforce l’antisémitisme en Europe. Dans son communiqué au lendemain des atrocités commises par le Hamas le 7 octobre, la Cimade désigne pudiquement les meurtres d’Israéliens et les prises d’otage par le terme «offensive du Hamas» ; celle-ci survenant, rappelle le communiqué, «dans un contexte d’oppression généralisée marqué notamment par 16 ans de blocus de la bande de Gaza, 56 ans d’occupation israélienne, un régime d’apartheid et une intensification de la colonisation».

Le Figaro

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