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EXCLUSIF – Dans son dernier livre, Combien de temps ça va durer ? (Plon), à paraître jeudi, et que Le Figaro a lu en exclusivité, le journaliste et essayiste analyse les différentes crises géopolitiques, économiques et mêmes climatiques qui se conjuguent pour bouleverser l’ordre mondial.

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Mais on constate aussi des dérèglements au sein de nos sociétés. Ceux-là ne sont pas causés par la géopolitique ?

Non, en effet, c’est la fin d’un autre cycle, plus classique. Un cycle idéologique, celui-ci, qui avait promu la liberté comme valeur fondamentale, après la guerre. Toutes les sociétés alternent des phases libérales et des phases protectionnistes, comme si nous avions du mal à trouver le juste équilibre entre ces deux polarités extrêmes. C’est la succession des générations qui est le moteur de l’alternance, chaque génération prenant le contrepied de la précédente. La phase libérale a été initiée et portée par les baby-boomeurs, qui se retirent aujourd’hui au profit d’une génération moins individualiste, pour laquelle la liberté personnelle n’est pas la valeur fondamentale. Elle est d’autant plus encline à récuser les valeurs des baby-boomeurs qu’elle en mesure les dégâts.

Car la recherche de la liberté a fini par corroder toutes les autorités, celle du professeur, de l’élu, du parent, du policier, du sachant, qu’il soit scientifique ou expert. Une corrosion amplifiée par les nouvelles technologies, internet d’abord et réseaux sociaux. Ce qui nous laisse dans un désarroi profond. Le fait politique majeur d’aujourd’hui est la demande d’autorité, particulièrement en France, où elle est inassouvie. Le besoin de protection s’est substitué au désir de liberté. C’est ce qui explique l’essor des partis dits populistes. Car les partis traditionnels, Macron et ses soutiens au premier chef, encore dominés par l’idéologie libérale des baby-boomeurs, se refusent à répondre à cette demande d’autorité en matière de justice, d’immigration, d’économie, d’éducation. Ils la considèrent comme non noble, infamante, même. Et ils l’abandonnent aux populistes.

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Le protectionnisme conduisant à la guerre est une légende inventée par une Europe obsédée par la crainte de voir revenir le nationalisme. Alors que le soin apporté aux intérêts nationaux, ce n’est pas du nationalisme, c’est juste du bon sens ! Tout comme la protection des frontières devant l’immigration incontrôlée ou devant la concurrence déloyale des exportations chinoises. La religion européenne du « sans frontières » nous a fait perdre du temps, mais j’observe avec vous que la naïveté commence à se dissiper : la Commission européenne évolue. Il est grand temps. Dans le monde fragmenté et conflictuel qui nous attend, il faut s’organiser. Et l’Europe en est parfaitement capable.
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Le Figaro

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