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Six élèves de l’établissement de l’agglomération strasbourgeoise travaillent, cette année, sur l’Union européenne et l’immigration, dans le cadre d’un programme proposé par Sciences Po Strasbourg. Reportage réalisé à l’occasion de La Nuit de l’Europe, organisée le 13 mai 2023 par la grande école en partenariat avec « Le Monde ».

Ici, pas de frontières. La rue Lamartine se partage entre Bischheim et Schiltligheim (Bas-Rhin). Le poète du XIXe siècle a donné son nom au collège qui jouxte l’un des plus hauts immeubles de béton de la cité des Ecrivains, un quartier populaire à quinze minutes à vélo de la cathédrale de Strasbourg. A la mi-avril, le centre de documentation et d’information (CDI) de l’établissement offre une vue plongeante sur un petit cerisier du Japon, garni de fleurs roses et posé sur un rectangle de verdure.

Installés derrière les ordinateurs du CDI, Daniel, Elissa, Lili, Norah, Melissa et Rawan (qui n’ont pas souhaité donner leurs noms), en classe de 3e, se retrouvent depuis six mois, pendant une heure tous les lundis, pour produire un travail de recherche sur une thématique en lien avec l’Union européenne. Très bons élèves, ces jeunes − eux-mêmes nés ou enfants de parents nés hors de l’espace Schengen − ont été sélectionnés par leurs professeurs pour participer au programme d’études intégrées (PEI), porté par l’Institut d’études politiques de Strasbourg.

Ce « PEI collège », ainsi que tout le monde appelle ici ce programme, cible de futurs étudiants boursiers du supérieur. Depuis huit ans, ce dispositif touche chaque année une centaine de collégiens scolarisés dans des établissements de l’académie de Strasbourg relevant de l’éducation prioritaire. A la fin de l’année scolaire, tous les groupes présentent un mémoire écrit et une soutenance orale devant un jury de professeurs et étudiants de la prestigieuse grande école. « Une partie de la soutenance se fait dans une langue étrangère. Il nous semble important de mettre en valeur, à cette occasion, la langue maternelle de certains collégiens, qu’ils n’ont pas forcément pu parler et voir être valorisée à l’école. Cela contribue à la confiance en soi de ces jeunes », résume Benjamin Chevalier, professeur agrégé de sciences sociales et responsable pédagogique du programme. Le groupe lauréat remporte un voyage d’une journée à Paris.

A la rentrée, les six collégiens de Bischheim n’ont pas eu de mal à choisir leur thématique : l’Union européenne et l’immigration extra-européenne. « Nous voulions travailler là-dessus parce que tout le monde est un peu immigré ici », résume Rawan, arrivée en France en 2014 « en avion du Liban ». C’est dans ce pays frontalier du sien, la Syrie, que sa famille s’était réfugiée un an plus tôt. Pianotant sur le clavier de l’ordinateur, Rawan met en forme les témoignages de bénévoles de l’association Kabubu recueillis par le groupe. Cette structure, présente à Strasbourg, Paris et Lyon, s’appuie sur le sport pour faciliter l’inclusion sociale et professionnelle des personnes exilées. « L’Europe accueille beaucoup de migrants parce que c’est un continent plus riche et plus développé que d’autres », estime la collégienne. […]

Le Monde

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