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20/04/2023


MàJ : Intégralité de l’atelier en vidéo


12/04/2023

Atelier du Parlement européen sur le “rôle du langage dans l’élimination du racisme” : pour Bock-Côté la manipulation du langage est au cœur du projet diversitaire (MàJ)


11/04/2023

Le personnel du Parlement européen a été convié à un atelier sur le “racisme dans le langage”. On y a appris notamment que “liste noire” est à bannir car il renforcerait “la notion selon laquelle le noir est indésirable alors que le blanc est souhaitable”

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Flimkien.eu

L’importance de nos mots – article de Rolade Berthier, l’une des deux oratrices invitées, à propos de la conférence :

Le 23 mars 2023, j’ai été invitée à prendre la parole lors de l’événement hybride organisé par la Direction générale du personnel du Parlement européen pour célébrer la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale. Le thème était “L’antiracisme – Pourquoi les mots ont de l’importance“.

Voici quelques-unes des choses que j’ai dites :

La classification des individus en anglophones et non-anglophones est inappropriée lorsqu’elle se fonde uniquement sur la langue du pays dont ils sont originaires. Ils devraient être décrits comme des personnes ayant une “première langue parlée autre que l’anglais” et une “première langue parlée en anglais“. Si vous souhaitez faire référence à leurs compétences en anglais parlé, décrivez-les comme suit : “Parle très bien, couramment ou couramment l’anglais”, “Parle bien l’anglais ou converse“, “Basiс”, ou “Aucune compétence en anglais”.

Les pronoms “Our”, “Their”, “Us” et “Them” doivent être utilisés à bon escient, car ils peuvent être polarisants. Ils affectent les sentiments, les pensées et les actions. Or, la cohésion sociale réduit la peur et les préjugés.

La race est attribuée aux individus sur la base de traits physiques ; ce n’est pas leur choix. La race n’est pas la même chose que l’ethnicité, que l’individu choisit et qui englobe tout, de la langue à la nationalité, en passant par la culture et les traditions, la religion et les valeurs.

La race n’a pas de définition cohérente et fixe, et son mythe n’a pas servi l’humanité.

Nous utilisons le terme “blacklist” (NFDS : liste noire) pour désigner quelque chose de négatif ou d’interdit. Cela ne renforce-t-il pas l’idée que le noir est indésirable et le blanc désirable ? Pourquoi ne pas utiliser plutôt “barredlist”, “denylist”, “blockedlist” ou “disallowedlist” (NFDS : “liste barrée/interdite”, “liste refusée”, “liste bloquée” ou “liste non autorisée”) ?

Votre langage contient-il des mots et des expressions préjudiciables et offensants ?

  • “Gyp” ou “Gip” est une version abrégée de gypsy/gipsy (NFDS : gitan) – argot désignant les escrocs et les tricheurs. Duper, escroquer, profiter ou tromper.
  • “Chop Chop !” donne l’impression que vous vous moquez d’un Chinois qui parle un anglais pidgin. Le faire rapidement
  • “Gourou” – Guide ou chef spirituel. Dans les traditions bouddhistes et hindoues, le terme “gourou” impose le respect et son utilisation à tout bout de champ remet en question sa valeur originelle.
  • “L’économie vaudou” est utilisée pour décrire l’économie de l’offre (c’est-à-dire quelque chose qui repose sur des concepts irréels et impraticables). Le vaudou est une religion pratiquée en Haïti et dans certaines parties des Caraïbes.
  • Un immigrant est un être humain ; un être humain ne peut pas être illégal. Pourquoi ne pas utiliser “Individu/famille/personne sans papiers” ; ou se concentrer sur l’action, c’est-à-dire l’entrée illégale ?
  • “Alien” et “foreigner” (NFDS: étranger) suggèrent que la personne n’appartient pas à un lieu ou à un groupe particulier, c’est-à-dire qu’il s’agit d’un étranger ou d’un outsider. L‘expression “personnes nées à l’étranger” indique qu’elles sont nées dans un pays où elles ne résident pas actuellement.

Questions relatives aux insultes ethniques ou au racisme sur le lieu de travail :

  • Y a-t-il une sécurité psychologique sur le lieu de travail ?
  • Aucune cible individuelle ; personne ne s’en plaint. (Quelqu’un peut le percevoir comme tel et devenir improductif en raison des sensibilités offensées).
  • Un incident isolé peut se répéter et devenir une norme.
  • Ce n’est qu’une blague/juste pour le plaisir. L’humour et les plaisanteries peuvent afficher ou améliorer la cohésion du groupe. Le rire et le sourire soulagent la colère, l’ennui, la fatigue, la frustration et la tension. Toutefois, lorsque le lieu de travail est inondé de telles pratiques et que la direction les approuve implicitement ou explicitement, mettant au moins un employé mal à l’aise, cela doit cesser. L’essentiel est de respecter les paroles et les sentiments de chacun.
  • Les mots sont importants ! Le langage est le fondement de la façon dont nous nous comprenons et nous traitons les uns les autres. Les mots peuvent faire la différence entre le respect et la déshumanisation.

Blog Rolade Berthier, l’une des intervenantes à la formation

Lutte contre le racisme structurel – article sur Susan Arndt, la seconde oratrice, à propos de la conférence :

Susan Arndt a prononcé un discours sur “L’interaction (historique) du colonialisme, du racisme et de la langue” devant le personnel et les députés européens de l’Union européenne dans le cadre de la Semaine internationale contre le racisme.

À l’occasion de la Semaine internationale contre le racisme, l’UE a organisé une session de formation pour le personnel et les députés européens sur le thème “Antiracisme. Pourquoi les mots sont importants”. L’atelier a été ouvert par le vice-président du Parlement européen, Dimitrios Papadimoulis, entre autres.

Susan Arndt, titulaire de la chaire de littérature anglaise et de littérature anglophone à l’université de Bayreuth, a prononcé le discours d’ouverture. Intitulée “The (Historical) Interplay of Colonialism, Racism and Language” (L’interaction (historique) du colonialisme, du racisme et de la langue), elle a parlé de l’histoire du racisme et de la manière dont il a façonné ses propres mondes linguistiques.

Le racisme prétend qu’il existe une “race humaine” afin de faire de la blancheur la norme privilégiée”, a expliqué Mme Arndt. Cela permet de justifier la violence du colonialisme. Cela a conduit à l’altérisation, qui vise essentiellement à nier la pleine humanité de ceux qui sont exclus de la suprématie blanche par le biais de la construction de la “couleur de peau” (et plus tard des crânes ou des gènes). Cette idée s’est inscrite dans de nombreux mots inventés par les colonialistes. Ceux-ci ont été discutés dans le cadre de l’atelier de formation.

Plus précisément, il a également été question de la manière dont le terme “race” est utilisé, par exemple dans l’article 3 de la loi fondamentale allemande. Rédigée en 1949, cette loi contient encore l’idée qu’il existe des “races biologiques”. “Ce n’est pas le cas, mais en même temps, le racisme est encore si puissant aujourd’hui qu’il affecte la vie des gens, celle des BIJPoC tout autant que celle des Blancs”, déclare le professeur Susan Arndt. “Il faut le nommer, mais en utilisant des termes de résistance émancipateurs qui subvertissent les formations de mots racistes. Alors que le mot “N”, des termes comme “coloured” ou “dark-skinned”, par exemple, sont racistes, les termes de résistance comme “black” ou “People of Color” s’approprient les termes de la résistance antiraciste. En ajoutant le préfixe “people”, par exemple, l’intention du mot “C” de dénier aux gens leur pleine humanité est contrée.

La formation a porté sur la manière dont la législation et les stratégies de politique éducative peuvent être traduites en mesures concrètes de lutte contre le racisme structurel. D’une part, il s’agissait d’interdire les termes racistes (et en particulier, par exemple, le mot N) (et de l’interdire dans tous les contextes de l’UE) et, d’autre part, de la question de savoir comment les débats dans la société dans son ensemble peuvent être dotés d’une plus grande sensibilisation, d’une plus grande littératie et d’une plus grande compétence. Dans l’ensemble, les participants ont plaidé avec force pour que les débats sur le racisme et la langue soient menés de front. Défendre les termes racistes est aussi politique que de s’y opposer. Et toute langue ne peut gagner qu’en étant moins discriminatoire et plus inclusive.

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