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« Je n’ai pas dit mon dernier mot » : Éric Zemmour publie un livre racontant sa campagne présidentielle (MàJ : Interview dans Face à l’Info)

15/03/23


14/03/23

Eric Zemmour est à nouveau au cœur de l’actualité médiatique et politique à l’occasion de la sortie cette semaine de son nouveau livre, baptisé « Je n’ai pas dit mon dernier mot ». Cet ouvrage est à la fois un « récit personnel et intime de la campagne » et une « analyse politique de fond ». Le livre sera disponible dans les librairies le jeudi 16 mars.

[…] Atlantico

Extraits :

Les raisons d’une candidature

Les vacances ne sont pas terminées. C’est du moins ce que je crois encore. Je n’ai pas compris que je ne suis plus maître de mon calendrier ni de mon destin. Je suis désormais sous l’œil de l’opinion publique. J’ai accepté l’invitation d’un certain Rafik Smati, chef d’entreprise sympathique qui a participé à la campagne de François Fillon et que j’ai rencontré quelques mois plus tôt.

Nos ancêtres vivaient dans les mêmes contrées, au sud de la Méditerranée, et il m’explique que nous avons la même conception de l’assimilation à la française : ce sera l’objet de notre première conversation, chaleureuse et enthousiaste. Il est plus libéral mais partage le diagnostic inquiet que je porte sur la France, tant et si bien qu’il souhaite me rejoindre et attend le bon moment. Nos équipes se rencontreront et feront un bout de chemin ensemble. Nombreux sont ceux de ses soutiens qui poursuivront l’aventure avec nous.

En cette fin du mois d’août, Rafik réunit les amis de son cercle de réflexion, Objectif France, à Aix-en-Provence. À peine suis-je arrivé que les médias commentent déjà ma tenue à l’antenne : je porte un pantalon beige et une chemise blanche, teint hâlé et lunettes noires sur le nez. Les vacances ne sont pas tout à fait terminées… Je débats avec mon hôte, nous parlons de la France. Sur scène, il me qualifie de «décliniste» ; je lui réponds que 62 % des Français pensent que la France est en déclin – et quel amoureux de son pays peut dire le contraire ? Son public, emballé, m’applaudit.

À la fin de notre échange, les journalistes se pressent pour m’interroger. Devant les micros tendus, en réponse à l’une des questions que l’on me pose sur le Rassemblement national et le risque de division des voix, je lâche négligemment : «Il faut arrêter de mentir. Marine Le Pen ne gagnera pas la prochaine présidentielle. Elle ne peut pas gagner. Tout le monde le sait, y compris au Rassemblement national.»

C’est l’un des charmes de la société médiatico-politique qu’une vérité évidente, mais que personne ne dit, peut faire l’effet d’un orage dans un ciel serein. C’est la sempiternelle histoire du roi persuadé par des tailleurs charlatans d’être vêtu d’un costume chatoyant, qui en convainc toute la Cour extasiée, avant qu’un enfant innocent ne rompe l’illusion collective en s’écriant : «Le roi est nu !»

Cette phrase, lâchée à la fin d’un été paisible, fait l’effet d’une bombe. Les chaînes d’info la diffusent en boucle. Une multitude de militants et de cadres locaux du RN rejoignent les rangs de la jeune association naissante Les Amis d’Éric Zemmour, comme s’ils avaient enfin entendu le verdict qu’ils s’interdisaient de poser. Cette vérité vient ajouter un argument au caractère logique, inéluctable, irrécusable de ma candidature.

On me demande souvent quel fut l’événement qui a entraîné ma décision de me présenter. Mes interlocuteurs ne me croient pas quand je leur réponds qu’il n’y en a pas. Je dis pourtant la vérité. Il n’y eut pas d’événement fondateur. Ou plutôt il y en eut une multitude. Petit à petit, la décision s’est imposée. Je me suis progressivement mis dans l’impossibilité de reculer. L’apostrophe sur le ton de l’évidence de mon fils : «Papa, le constat, tu l’as fait, il faut maintenant passer à l’action» ; le travail inlassable de Sarah ; la foule des soutiens qui affluait ; le nombre de plus en plus important de Français qui espéraient en moi ; la décision du CSA qui m’expulsait de la télévision ; les craintes du Figaro qui me forçait à quitter le journal ; Albin Michel qui refusait de me publier… On me jetait dans le vide mais on me reprochait de sauter. C’était maintenant trop tard : je ne me voyais plus commenter, de ma chaire télévisuelle, les péripéties d’une pièce que je jugeais d’avance médiocre, et dont je connaissais la fin.

La trahison de Robert Ménard

C’est systématique, presque un réflexe conditionné. Chaque fois qu’on me communique une déclaration de Robert Ménard à mon propos, j’entends aussitôt la voix rocailleuse et goguenarde de Charles Pasqua qui me souffle de l’au-delà : «Avec des amis comme ça, on n’a pas besoin d’ennemis !» Cette phrase me revient comme un leitmotiv. Aussi souvent que Ménard intervient sur une chaîne d’info et ouvre son propos par un sadique : «Éric, je le dis parce que c’est un ami…», j’entends le rire sarcastique de Pasqua. (…) Robert Ménard a joué dans cette campagne un rôle bien supérieur à son véritable poids politique ; il a donné une crédibilité à toutes les accusations, même les plus outrancières, lancées à mon encontre. Sa position de prétendu ami fut idéale pour me décrédibiliser et donner corps aux arguments de mes ennemis. Il était de mon camp, proche de mes idées ; ses critiques n’en avaient que plus de poids : «Si même Ménard le dit…» (…)

Ménard est un oxymore sur pattes. C’est un bon client des médias, puisqu’il accomplit lui-même le chemin que ceux-ci veulent lui faire parcourir. (…) Il fut la révélation de l’alliance entre Marine Le Pen et le «système médiatique» pour me montrer du doigt. J’étais le problème : ma personnalité, mon caractère, ma brutalité, ma prétendue misogynie, ma supposée insensibilité, etc., et non les idées que je défendais que partagent tant de Français. Enfin, en comparant sans cesse ma candidature à celle de la présidente du RN, il a donné aux médias l’occasion qu’ils attendaient de m’enfermer dans une primaire «d’extrême droite» d’où je souhaitais à toute force m’extirper.

Robert Ménard incarna ainsi la figure pure et parfaite du traître, celle qu’on trouve tout au long de l’histoire de France, du connétable de Bourbon à Talleyrand en passant par l’évêque Cauchon. (…) Il fut le Judas de Béziers, sans qu’on évalue précisément les trente deniers qu’il escomptait : la réélection de son épouse à son siège de députée grâce au soutien du Rassemblement national ? Ou, au vu de ses propos dithyrambiques à l’égard d’Emmanuel Macron, son rêve de devenir ministre ? On apprenait pendant la campagne que lors d’une visite à Béziers, en novembre 2021, le président Macron promit 200 millions d’euros d’aide de l’État et 500 emplois pour Genvia, une entreprise spécialisée dans la production d’hydrogène décarboné. Il y a eu beaucoup d’inflation depuis l’époque des trente deniers…

Les retournements de veste de Robert m’ont donné le tournis. Il n’a pas eu le reniement honteux ni la trahison sournoise ; son méfait, il l’a proclamé avant même qu’on ne le lui reproche ; il a l’apostasie tonitruante.

Le Figaro

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