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La politiste Françoise Vergès revient, dans une tribune au « Monde », sur l’affaire criminelle mettant en cause des producteurs, réalisateurs et acteurs et dénonce le recrutement explicitement raciste et l’organisation des plates-formes de pornographie par catégories racisées.

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Le racisme anti-Noirs, anti-Arabes, anti-Asiatiques qui se déploie dans ces films s’inscrit dans une généalogie de la violence esclavagiste et coloniale. Leurs images se superposent en effet aux images de torture sous l’esclavage et le colonialisme. Historiquement, le corps féminin noir a été un capital et son appropriation sous l’esclavage autorisait le maître à exercer des tortures sexuelles en toute impunité, et le corps féminin colonisé fut lui aussi animalisé et sexualisé.

Le recrutement explicitement raciste et l’organisation des plates-formes par catégories racisées promettant des actes de torture sont des symptômes du racisme et du sexisme structurel qui existent dans un pays au long passé colonial, où la violence négrophobe et islamophobe a été analysée et démontrée. L’usage prédateur des corps de femmes et le recours à des codes immédiatement reconnaissables (chaînes de l’esclavage, décors orientalistes, vocabulaire haineux du colon) s’ajoutent, et de manière clairement formulée, à tout un ressentiment contre des femmes appartenant par leur origine à des pays qui se sont libérés de la France. Il faut les « remettre à leur place », leur rappeler à travers viols et tortures qui est le maître. La nostalgie coloniale peut ainsi s’exprimer concrètement sur des corps racisés.

Le Monde

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