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[extraits] À l’occasion de la manifestation “Histoires parallèles, pays mêlés”, Françoise Vergès, présidente du Comité pour la mémoire et l’histoire de l’esclavage revient sur le passé colonial de la France et ses séquelles.

Françoise Vergès : La France est un cas unique en Europe. Tout se passe comme si l’histoire de la France était celle de l’Hexagone. (…) La société française est composée de Canaques, d’Haïtiens, de Guyanais, de Réunionnais, de descendants de marrons, de bagnards, de colons…

« On continue pourtant à faire comme si elle était blanche et chrétienne. Tant qu’on n’aura pas changé cette cartographie mentale et qu’on n’aura pas inclus la colonie au coeur de la société française et de la fabrication de son identité, on ne pourra pas transformer les musées, les manuels scolaires, etc.»

(…) On est en train d’entrer doucement, très difficilement, dans ce processus de décolonisation des esprits. Cela va être long et rencontrer des résistances parce qu’il faudra renoncer à beaucoup de privilèges, notamment à celui lié au fait d’être blanc.

“Il y a une manière de regarder les personnes qui ne seraient pas des « Français de souche », pour reprendre cette expression, comme étant justement un peu arriérées.

Il y a une espèce de confusion entre être blanc et être civilisé. La société française doit comprendre qu’elle serait bien plus pauvre culturellement, artistiquement, intellectuellement… si elle n’avait pas eu ces apports autres, « étrangers ». (…)”

À partir de 1962, après l’Algérie, la France s’est repliée sur elle-même et s’est reconstruite comme européenne. Mais heureusement, il n’y a pas qu’une bibliothèque coloniale et raciste. Il y a aussi une France révolutionnaire, anticolonialiste.

Les discours doivent être transformés pour répondre aux réalités d’aujourd’hui dans un monde globalisé. La réponse ne peut plus être celle de la France qui se voit uniquement blanche.

Jeune Afrique

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Complément vidéo : Toutes les France – 20 octobre 09

«Il y a une vieille France arrogante, qui refuse le multiculturalisme, et qui doit vraiment s’ouvrir. On est toujours dans cette vieille France avec toujours les mêmes vieilleries et les mêmes vieilles choses.»

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Françoise Vergès est une politologue™ française originaire de l’île de La Réunion. Elle est la nièce de Jacques Vergès et fille de Paul Vergès, fondateur du Parti communiste réunionnais, élu au Conseil régional de La Réunion, puis élu sénateur, puis élu président du Conseil régional de La Réunion.

Elle s’est investie dans les problématiques de l’esclavage “colonial”, les théories politiques en « postcolonie » et les phénomènes de « créolisation ». Militante féministe, elle a édité le journal Des femmes en mouvement et dirigé la collection « Femmes en lutte de tous les pays ».

En avril 2009, elle a été désignée «experte transversale» dans le cadre des états généraux de l’Outre-mer. 

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Selon plusieurs sites, les ancêtres des Vergès, loin d’être esclaves, auraient plutôt été de l’autre coté de la barrière : Ses ancêtres Million des Marquets possédaient, selon l’acte établi en 1848, « 121 esclaves dont 66 créoles, 12 malgaches, 39 mozambiques et 4 indiens ou malais ». (source)

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