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Près d’un mois après le suicide de Lucas, une marche blanche est organisée ce dimanche à Épinal (Vosges), en hommage à l’adolescent de 13 ans, qui subissait selon sa famille insultes et harcèlement dans son collège en raison de son homosexualité assumée. Quatre de ses anciens camarades vont être jugés pour “harcèlement scolaire ayant entraîné le suicide“. Des professeurs dénoncent le manque de formation pour lutter contre l’homophobie à l’école.

Auprès du magazine Têtu, le ministre Pap Ndiaye a affiché mercredi sa volonté de faire “un effort dans les programmes, dans la manière dont les sociabilités scolaires se passent“, et a promis que les portes allaient être “grandes ouvertes” aux associations. “Nos interventions dans les établissements ne sont qu’une goutte d’eau, on ne peut pas porter tout le travail“, nuance Lucile Jomat,  présidente de l’association SOS Homophobie. […]

Comment en France, en 2023, un adolescent peut-il encore se donner la mort car il est gay? “Ce drame montre à quel point la lutte contre le harcèlement scolaire, contre l’homophobie doit demeurer une priorité du gouvernement“, a estimé Pap Ndiaye au Sénat.

Le corps enseignant aurait pu faire plus“, a déclaré pour sa part Séverine, la maman de Lucas, lors de sa première prise de parole publique lundi. “Il aurait dû faire plus, il y a des choses qui n’ont pas été faites, comme prendre des mesures disciplinaires à l’encontre des harceleurs par exemple.”

Dans une société française où paradoxalement, une part grandissante de Français se déclare appartenir à la communauté LGBT+, mais où les préjugés et la haine homophobe restent encore tenace, les enseignants ne sont pas, ou peu préparés à voir ces questions émerger dans leur salle de classe.

Les questions LGBT+ doivent être abordées à l’école, prises en charge par l’Éducation nationale“, affirme Lucile Jomat, présidente de l’association SOS Homophobie, interrogée par BFMTV.com. Mais son constat est sévère:

Un constat qui entre en résonnance avec le témoignage de Marie [Le prénom a été changé], jeune enseignante en première année de titularisation dans un collège de Savoie. Elle se souvient du cas d’un élève non-binaire, qui souhaitait l’emploi du pronom neutre ‘iel’. “Les profs en parlaient de manière absolument pas tolérante et compréhensive. J’ai aussi surpris plusieurs professeurs qui étaient dans l’incompréhension totale de tout ça, ça semble les dépasser. Ils ne sont pas informés, disent n’importe quoi, s’offusquent...”, se souvient pour BFMTV.com la jeune femme.

Je n’ai vu aucune formation à ce sujet dans mes mails ou quoi… Rien. On a des formations sur le numérique, la laïcité, l’évaluation des élèves, mais c’est tout“, regrette la jeune femme.

Jérémy Destenave, professeur de SVT membre du syndicat Snes-FSU, est engagé sur ces questions dans son collège de Dordogne. Auprès de BFMTV.com, il rappelle qu’une formation d’une semaine dédiée “à la sexualité et à la vie affective” est bien mise à disposition des enseignants par l’Éducation nationale. Mais elle repose sur la base du volontariat. “Elle est insuffisamment suivie, par moins de 5% des professeurs“, regrette-t-il.

Selon moi, elle devrait en réalité être intégrée dans la formation des professeurs, avant le concours. Elle devrait être obligatoire pour tous.” […]

L’association SOS Homophobie, qui dispose d’un agrément national du ministère de l’Éducation nationale, réalise de nombreuses interventions en milieu scolaire, principalement à destination des élèves. Mais là encore, le volontariat est de mise.

De plus en plus d’établissements veulent des formations, mais nous avons peu de moyens humains, il faut débloquer de l’argent“, ajoute Lucile Jomat. “Et bien sûr, on ne peut pas forcer les professeurs à y assister. Or, les volontaires sont souvent ceux qui sont le plus sensibles à la question, et qui en ont logiquement le moins besoin.” […]

bfmtv (article intégral)

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