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L’écrivaine nationale britannique, Jane Austen (1775-1817) dont le portrait orne depuis 2017 les coupures d’argent britanniques, vient d’être diabolisée par l’université de Greenwich. Signalée aux étudiants comme « sexiste » et donc dangereuse à lire… Une mise à l’index d’autant plus étonnante que Jane Austen est considérée d’ordinaire comme une féministe en rébellion contre la répartition des rôles entre les sexes au XIXe siècle.

Selon une enquête du Times, le bannissement de livres des listes de lecture par les universités n’a fait que s’accélérer depuis 2021. Pour protéger les étudiants de contenus potentiellement déstabilisants et leur santé mentale, ces institutions britanniques auraient déjà lancé des avertissements sur plus de mille ouvrages.

Les responsables de l’Université de Greenwich ont lancé une « alerte » sur le roman Northanger Abbey, écrit par Jane Austen et publié de manière posthume en 1817, parce qu’il véhiculerait des « stéréotypes de genre ». Les étudiants en littérature anglaise sont ainsi mis en garde contre le « sexisme » du livre, vieux de plus de 200 ans, qui met en scène des « relations et des amitiés toxiques ». Des pages qui pourraient choquer et offenser les pauvres élèves. Ce roman d’apprentissage raconte le passage à l’âge adulte d’une jeune femme dans la Grande-Bretagne de la Régence. Catherine Morland est une ingénue que la lecture de romans gothiques fait rêver de sombres et mystérieuses aventures.

Cette mise à l’index est d’autant plus étonnante que Jane Austen est considérée d’ordinaire comme une féministe en rébellion contre la répartition des rôles entre les sexes au XIXe siècle, une époque où la littérature était largement dominée par les hommes. Mais l’auteure de Orgueil et Préjugés manie une ironie qui échappe apparemment à certains lecteurs du XXIe siècle. Dans ce roman, elle se moque ainsi des femmes qui doivent faire semblant d’être stupides pour plaire aux hommes quand elle écrit : « Une femme, si elle a le malheur de savoir quelque chose, devrait le dissimuler aussi bien qu’elle le peut. »

Ce roman de Jane Austen est étudié dans le module de littérature gothique de l’université de Greenwich qui avertit que, dans son ensemble, cet enseignement contient des « éléments qui peuvent être perturbants pour les étudiants ». L’initiative a suscité une polémique et a été tournée en ridicule par une partie de la presse anglaise. À la tête du mouvement Academics For Academic Freedom, le professeur Dennis Hayes a exhorté les universités à cesser « d’infantiliser » leurs étudiants. « Avec son esprit brillant, Jane Austen offense tout le monde dans ses romans. Elle est la maîtresse de l’offense, a-t-il déclaré au Times, c’est pour cela que nous aimons son œuvre. Et que les étudiants l’aiment aussi. ».  […]

Le Figaro

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