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Le procès de 24 travailleurs humanitaires accusés de trafic d’êtres humains et d’espionnage débute mardi 10 janvier. Ils sont aujourd’hui accusés par Athènes d’être l’équivalent de passeurs et risquent jusqu’à 25 ans de prison.

La mission affichée des 24 travailleurs humanitaires qui se retrouvent ce mardi devant la justice était de sauver des vies en mer pour l’ONG Erci (Emergency Response Center International) entre 2016 et 2018. Il s’agit du véritable démarrage de ce procès très politique qui avait été reporté une première fois dès son ouverture en novembre 2021, faute de juridiction compétente.

Il a ensuite pu reprendre avec les plaidoyers des avocats et la présidente de la Cour a précisé que seules les accusations d’«espionnage» à l’encontre de ces travailleurs humanitaires allaient être examinées. Les poursuites entamées pour blanchiment d’argent, trafic de migrants et fraude seront examinées plus tard lorsque l’instruction sera achevée, a précisé la présidente de la Cour.

Au cœur de ce procès, deux jeunes secouristes en mer se retrouvent particulièrement médiatisés. Réfugiée syrienne aujourd’hui en Allemagne, Sarah Mardini a fui la guerre civile en 2015. Après une panne de moteur de leur bateau surchargé, Sarah et sa sœur, excellentes nageuses, se jettent à l’eau et sauvent la vingtaine de passagers qui les accompagnent, avant d’accoster à Lesbos. L’histoire des deux sœurs a été portée à l’écran par Netflix via le film Les nageuses.

Cette île de Lesbos, Sarah Mardini y revient ensuite, un an plus tard, pour venir en aide aux demandeurs d’asile en détresse en mer. Elle y travaille alors avec Sean Binder, jeune plongeur allemand qui a grandi en Irlande. « J’entends souvent dire que venir en aide à des personnes susceptibles de se noyer participe à affaiblir les valeurs européennes, parce que les personnes qui arrivent représentent une menace pour nous tous. Je pense cependant que nous avons déjà perdu les valeurs de paix et de justice si nous fermons nos frontières aux personnes en détresse. », confiait-il le mois dernier lors d’une conférence de presse.

(…) Aujourd’hui, par peur des représailles judiciaires, plus aucune ONG ne patrouille au large de Lesbos. Dissuader les actions de solidarité à la frontière, c’était bien là, semble-t-il, l’objectif de ces poursuites peu probantes qu’Human Rights Watch décrit comme « motivées politiquement » et qu’Amnesty International qualifie d’ « injustes et sans fondements ».

RFI

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