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Le 4 novembre, le Ministre a lancé «La minute Pap» sur les réseaux sociaux. La première séquence n’est pas une réussite.

Bruits de cymbales et ors de la Rue de Grenelle. C’est dans une atmosphère surréaliste qu’apparaît Pap Ndiaye, dans une courte vidéo postée le 4 novembre sur Twitter. «Bonjour, je vous donne rendez-vous chaque semaine pour une minute d’actualité», explique le ministre de l’Education, avant d’ajuster ostensiblement ses lunettes, sur fond musical. C’est «La minute Pap». Un nouvel outil de communication ministérielle non identifié, inauguré vendredi dernier. Le concept ? Une minute pendant laquelle le Ministre parlera chaque semaine d’éducation, s’adressant parfois aux profs, parfois aux élèves et parfois à tout le monde. Une forme qui laisse perplexe.

Sur le fond, la première séquence n’est pas une réussite. «Je commencerais par Jules Ferry, ministre de l’instruction publique à la fin du 19e siècle, qui aimait sortir sa montre à 11 heures, et puis dire : ‘Aujourd’hui, à cette heure-là, tous les enfants de 7e sont en train d’écrire le même mot de la même dictée’. C’était une manière de souligner le caractère très centralisé du ministère de l’instruction publique», affirme Pap Ndiaye, convoquant, comme tant d’autres avant lui, le père de l’école républicaine laïque, gratuite et obligatoire sous la 3e République. Raté. La citation n’est pas de lui.

«C’est complètement faux ! Et quand même très léger, voire incroyable en termes de communication ! », s’emporte Claude Lelièvre, historien de l’Éducation. En réalité, cette citation est prêtée à Hippolyte Fortoul, ministre de l’Instruction publique sous le Second Empire. Pas vraiment le même régime politique… «Il se félicitait de pouvoir savoir, à un quart d’heure près, ce qu’il se passait dans les classes des établissements secondaires, raconte Claude Lelièvre. En 1854, Fortoul avait édicté des instructions minutieuses pour régler le déroulement des cours. Par exemple, en huitième, 15 minutes pour la prière et la récitation des leçons, 15 minutes de lecture, 15 minutes d’exercices de grammaire, 10 minutes pour l’analyse grammaticale…» L’historien enfonce le clou en précisant que Jules Ferry, en plus de ne pas être un fanatique de la dictée, était convaincu, comme les fondateurs de l’école républicaine et laïque, qu’il fallait donner une large part d’initiative aux instituteurs. […]

Le Figaro

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