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À Bahreïn, François a demandé aux musulmans des actes plus que des paroles.

Escortée par les lanciers à ­cheval de la garde d’honneur du royaume de Bahreïn, la petite Fiat 500 blanche du pape pénètre dans le vaste palais royal. Dans le ciel, deux immenses drapeaux, l’un rouge et blanc, aux couleurs du pays, l’autre blanc et jaune, celui du Vatican, avancent de pair, tractés par deux hélicoptères américains HH-60 Pave Hawk. « Je viens à vous pour marcher ensemble, dans l’esprit de François d’Assise », lance le pape. Il cite le saint d’Assise : « La paix que vous annoncez avec vos bouches, ayez-la plus abondamment encore dans vos cœurs. C’était le message central du chef de l’Église catholique ce vendredi, consacré au dialogue avec l’islam : plutôt que des discours, le pape attend une cohérence et des actions concrètes. Son but : que « l’Orient et l’Occident » ne ressemblent pas « à deux mers opposées » pour que « nous naviguions ensemble sur la même mer » et sur le cap de « la rencontre plutôt que de l’affrontement ». Le tout avec une franchise et une netteté de ton – déjà ­remarquée à son arrivée jeudi soir sur le sujet des droits humains – que le pape, bientôt 86 ans, avait peu utilisée à ce point avec les musulmans : « Il ne suffit pas de dire qu’une religion est pacifique, il faut condamner et désigner les violents qui en abusent du nom. Il ne suffit pas non plus de prendre ses distances avec l’intolérance et l’extrémisme, il faut agir dans le sens contraire », a-t-il ainsi prévenu en concluant le Forum de Bahreïn pour le dialogue Est et Ouest et pour la ­coexistence humaine, objet central de ce voyage.

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Pour faire prospérer ce « jardin de ­l’humanité », François demande à ­Bahreïn et au monde musulman d’émonder leurs propres « jardins », au sens figuré sur ­plusieurs points précis. « Le pape du ­Vatican », comme l’appelle le roi Al ­Khalifa, est même allé jusqu’à proposer une feuille de route à l’islam parce que « les responsables religieux ne peuvent pas ne pas s’engager et donner le bon exemple ».

« Trois urgences éducatives » 

Ces religieux ne peuvent faire l’impasse sur une « indispensable prémisse, la liberté religieuse » car « toute contrainte est indigne du Tout-Puissant ». Comme à son ­arrivée, le pape martèle : « Il ne suffit pas d’accorder des permissions et de recon­naître la liberté de culte, il faut atteindre la vraie liberté de religion. » Il faut aussi « se demander si elle oblige de l’extérieur ou bien libère de l’intérieur » et « si elle aide l’homme à repousser les rigidités, la ­fermeture et la violence ».

Le pape égrène ensuite « trois urgences éducatives ». Elles ne vont pas de soi dans la majorité des pays musulmans. La ­question de la femme tout d’abord. ­François attend « la reconnaissance de la femme dans le domaine public, dans l’instruction, dans le travail, dans l’exercice de ses droits sociaux et politiques. » La question des « droits fondamentaux des ­enfants » ensuite qui doivent être « instruits, assistés, accompagnés, non pas destinés à vivre dans les morsures de la faim et dans les remords de la violence. » Le dossier de « la citoyenneté » enfin. C’est « le » sujet qui fâche. Quasiment aucun pays musulman ne reconnaît aux chrétiens, la pleine citoyenneté civile et politique. Depuis des décennies, la ­requête est constante de la part de la ­diplomatie vaticane mais sans réponse.

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Le Figaro

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