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À l’occasion de la sortie ce jeudi 3 novembre du recueil de nouvelles inédites « SOS Méditerranée, Les écrivains s’engagent », entretien avec l’écrivain Jean-Marie Laclavetine, coordinateur du projet. «La politique migratoire européenne est à la fois frileuse et lâche, voire criminelle» estime-t-il.

Les auteurs : Abd Al Malik, Jakuta Alikavazovic, Muriel Barbery, Amina Damerdji, Kamel Daoud, Marie Darrieussecq, Erri De Luca, Jean-Baptiste Del Amo, Ananda Devi, Éric Fottorino, Laurent Gaudé, Maylis De Kerangal, Carole Martinez, François Morel, Marie Ndiaye, Wilfried N’sondé , Leïla Slimani.

Vous et les 17 auteurs de cet ouvrage avez décidé de vous engager en faveur de l’ONG SOS Méditerranée, une organisation qui intervient quotidiennement pour venir en aide aux personnes qui tentent la traversée de la mer Méditerranée. Pourquoi ?  

L’idée, c’était de faire connaître davantage l’action de SOS Méditerranée et de le faire par le biais de l’écriture de textes par des écrivains reconnus qui se sont déjà engagés publiquement sur cette question de la migration, car c’est un sujet qui me paraît crucial, essentiel pour nos démocraties. Il interroge : « Jusqu’où est-on prêt à défendre nos valeurs démocratiques ? ».

Actuellement, la Méditerranée est en train de devenir un cimetière. Nous acceptons cela, nous, pays européens, notamment en bafouant quotidiennement les règles immémoriales du droit maritime. Quand une personne est en danger en mer, on a le devoir de la sauver et de la ramener dans un lieu sûr. C’est écrit dans toutes les conventions internationales et nous ne les respectons pas. Nous laissons mourir des gens pour éviter qu’ils entrent chez nous.

Il faut vraiment soutenir cette association, SOS Méditerranée, parce qu’elle sauve non seulement des migrants, mais elle sauve notre honneur aussi.

Dans l’ouvrage, on peut notamment lire que ces récits, « nous invitent à changer de regard sur le monde ». Dans quel sens ?

Il faut que nous acceptions de voir que la planète est en train de changer. Que les gens circulent, c’est un droit. La planète est à tout le monde et nous, nous nous considérons comme propriétaires de notre petit territoire. Mais en réalité, il va bien falloir s’adapter aux changements énormes qui sont en train de se produire, notamment à cause des changements climatiques. Les gens ne pourront pas rester chez eux dans certains pays et il faut accepter ces mouvements et tenter de les gérer de façon humaine.  […]

Et les histoires ne connaissent pas les frontières, elles circulent. Et c’est ce que peut faire la littérature : offrir à tout le monde un territoire libéré des pressions égocentriques et libéré des frontières. […]

Quel regard portez-vous sur cette direction que prend l’Europe ? 

Un regard très inquiet parce qu’on voit bien que les populismes et les régimes proches de l’extrême droite sont en train de s’installer un peu partout pour mener une politique inhumaine.

msn

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