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Nantes est secouée par plusieurs crimes qui interrogent sur la sécurité au sein de la ville. “Un fléau”, dixit l’ex-maire et ancien-Premier ministre Jean-Marc Ayrault.

Pour faire fuir des dealers installés dans un hall d’immeuble, Antoine* a une recette infaillible. “Mélangez de la Javel et du vinaigre, et vous obtenez une odeur insupportable. Ce sont mes voisines qui m’ont appris ça”, confie-t-il. Confortablement installé dans un fauteuil de son salon à la décoration surchargée, il se rappelle des mois de lutte acharnée pour reprendre le contrôle de “son” HLM. Cet ancien ouvrier en bâtiment réside dans l’immeuble Watteau du quartier des Dervallières, au nord-ouest de Nantes, bien connu dans la ville pour ses trafics de drogue. “Ils passaient leur journée dans le hall ou devant. Personne n’osait sortir”, raconte-t-il. Souvent, Antoine et sa famille entendent des détonations, proches échos des guerres de territoire qui se déroulent quelques mètres plus bas. “Je répète à mon fils : “Si tu entends un coup de feu, tu te couches ! Je me moque de savoir si c’est un pétard ou un feu d’artifice. Tu te couches !”, s’exclame-t-il. Il ne veut pas que son enfant subisse le même sort que ce jeune homme, blessé le 28 septembre par des tirs en pleine rue, juste sous les fenêtres de son appartement.

(…) “On voulait exprimer un ras-le-bol”, souffle Victoire, qui a témoigné dans les médias à plusieurs reprises. Habitante du centre-ville depuis quatre ans, elle explique avoir vu la situation se détériorer. “On voit bien qu’il y a plus de dealers qu’avant, et de gens qui consomment. Ils passent la nuit-là et sont agressifs, relate-t-elle. J’ai les jetons”. L’un de ses voisins, âgé, confesse partager le sentiment. “Je ne sors plus de 22h à 9h du matin”, précise-t-il.

(…) Les faits divers ont écorné l’image de la ville. L’architecte du rayonnement nantais, Jean-Marc Ayrault, maire de 1989 à 2012, le concède : “Il est difficile de dire qu’il n’y a pas de problème à Nantes. Il y a eu une dégradation, qui, si elle n’est pas générale, s’est traduite par une violence évidente”.

(…) Il n’y a pas que les quartiers. La délinquance au coeur de Nantes concentre une partie de l’attention des forces de l’ordre – avec des caractéristiques différentes. “Si vous prenez les pourcentages de garde à vue qui concernent des personnes étrangères en situation irrégulière, vous avez tout compris, soupire un enquêteur, sans pour autant apporter de chiffre précis. Dans les dossiers que nous traitons, leur part est bien plus élevée qu’il y a quelques années, ce qui peut être lié à l’augmentation des contrôles policiers en centre-ville.” Les petits larcins et les trafics suscitent de nombreuses interpellations. “Dans le trafic international de stupéfiants, des réseaux exploitent la détresse humaine et projettent dans l’espace public des jeunes, notamment en situation de délinquance. Il est urgent que l’Etat les démantèle pour mettre fin à cette exploitation”, estime Johanna Rolland.

Cette fermeté affichée n’est pas du goût de tout le monde. Début octobre, les écologistes du conseil municipal avait estimé la demande d’une sécurité forte “légitime”, tout en dénonçant “l’amalgame insoutenable entre politique de sécurité et mouvements migratoires”. Mais la polémique est venue du mouvement de gauche radicale Nantes en commun qui, le 6 octobre, a diffusé sur Twitter un montage photo de Gérald Darmanin et Johanna Rolland, avec le titre “On a tous une belle maire un peu raciste ? Rolland se range derrière Darmanin en liant insécurité et immigration”. “Johanna Rolland s’est félicitée des mesures du ministre de l’intérieur Gérald Darmanin” ont ajouté les membres du collectif en complément du visuel publié sur Twitter. “Ce tract était dérisoire et pas sérieux”, tance Jean-Marc Ayrault. C’est le signe que l’extrême droite et l’extrême gauche ont certains points communs dans leur comportement”.

(…) L’Express

(Merci à BB)

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