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Stéphane Troussel, président socialiste du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis (France), effectue une visite en Algérie depuis lundi 24 octobre. Dans cet entretien accordé à TSA, il parle des actions de coopération décentralisée menées en Algérie, de son département qui abrite une très forte communauté algérienne (300 000 des 1,6 millions d’habitants du département sont des Franco-Algériens), de l’affaire Lola… Un département qui connaît certes des difficultés, reconnaît-il, mais qui est économiquement dynamique et surtout fier de son « identité plurielle », assure-t-il. Evoquant la diversité du département, il ajoute que « La France, ça n’a jamais été ‘nos ancêtres les Gaulois’ il n’y a que les racistes qui pensent cela.»

Votre département concentre justement une forte communauté immigrée, à propos de laquelle on entend beaucoup de choses. A travers le prisme des médias et des réseaux sociaux, on a l’impression qu’il y a beaucoup de problèmes en Seine-Saint-Denis, particulièrement parmi la population d’origine étrangère…

je crois que ce sont globalement des clichés contre lesquels nous luttons. La Seine-Saint-Denis est le département le plus jeune de France. Il fait partie des cinq plus grands départements créateurs d’entreprises.

C’est le département qui va connaître les plus grands événements pendant les dix années qui viennent à l’échelle de la région parisienne, avec les jeux olympiques et paralympiques. Il va accueillir un tiers de toutes les gares du futur métro Grand Paris express (200 kilomètres de métro autour de Paris). On va réaliser en moins de 15 ans ce que nos ancêtres avaient réalisé en un siècle.

Oui, c’est un département qui a des difficultés, c’est vrai : des taux de chômage et d’allocataires du RSA élevés, un niveau de délinquance important. Mais il n’y a pas d’autre territoire en France qui va connaître autant de transformations dans les années qui viennent comme la Seine-Saint Denis.

Et puis surtout dans un pays et un continent qui sont en train de vieillir, , avoir une natalité aussi forte que la nôtre, je crois que c’est plutôt un atout.

Aujourd’hui, c’est l’un des départements les plus créateurs de richesse, nous sommes le troisième contributeur en France à la TVA. C’est vrai que, parce que nous sommes plus jeunes, parce que nous sommes plus divers, nous revendiquons notre diversité et notre mixité.

C’est un atout et une richesse d’avoir des gens qui viennent d’un peu partout parce qu’ils sont à l’image de la France. La France, ça n’a jamais été « nos ancêtres les Gaulois », il n’y a que les racistes qui pensent cela.

La France s’est toujours constituée avec des gens venus d’un peu partout. 25 à 30 % des Français ont un parent ou un grand parent né à l’étranger et bien sûr, en Seine-Saint-Denis, c’est plus.

S’il y a autant de clichés autour de la Seine-Saint-Denis, c’est peut-être aussi parce que parfois le pays ne veut pas voir son identité plurielle, mais nous, on y croit.

La population ayant des origines étrangères est-elle bien représentée dans les institutions locales de la Seine-Saint-Denis ?

Oui, il y a des élus de toutes les couleurs, de toutes les origines, de toutes les religions. Pour ne citer que quelques-uns de mes collaborateurs, il y a le maire de Saint-Ouen, qui est mon vice-président à la culture, Karim Bouamrane, le vice-président à l’écologie, Belaid Badreddine, le vice-président au numérique et maire de Stains, Azeddine Taibi, le vice-président aux relations internationales.

Doucouré, qui est un de mes collaborateurs, est aussi maire-adjoint de la ville de la Courneuve. La conseillère départementale qui a été élue avec moi dans mon canton est d’origine comorienne, parce qu’il y a aussi une forte communauté comorienne en Seine-Saint-Denis. Nous avons des élus qui représentent la diversité de la population du département.

Qu’avez-vous à dire sur l’assassinat de la petite Lola à Paris, que certains politiques tentent d’instrumentaliser pour stigmatiser les Algériens et particulièrement les étrangers en situation irrégulière ou faisant l’objet d’une OQTF ?

J’ai surtout une pensée pour la victime, pour ses proches, ses amis, sa famille. C’est un crime odieux, horrible. Je trouve scandaleuse l’instrumentalisation politique qui est faite de ce drame. Ceux qui se livrent à cette instrumentalisation politique sont des charognards, je n’ai pas d’autres mots.

Ce crime aurait été tout aussi odieux s’il avait été commis par un Français ou par un étranger en situation régulière. Des barbares, des fous, hommes ou femmes, il en existe de tout temps, de toute origine et de toute nationalité.

Donc je refuse de rentrer à l’occasion de ce drame dans le débat sur la question des expulsions, c’est un autre débat. Il faut qu’il ait lieu entre les deux pays, mais ce n’est pas notre sujet.

La question des OQTF (Obligation de quitter le territoire français, NDLR), c’est un sujet de politique migratoire qui doit être traité entre la France et l’Algérie, c’est normal. […]

TSA

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