Fdesouche

À Leicester, le modèle écorné du multiculturalisme britannique

Dans cette ville des Midlands, dont la population est à 30 % venue du sous-continent indien, des violences ont opposé, le 17 septembre, des membres des communautés musulmane et hindoue.

[…]

Le samedi précédent, quand toute l’attention du pays était centrée sur les funérailles de la défunte reine Elizabeth II, des centaines de jeunes hommes ont envahi les rues, entre Spinney Hills et Belgrave Road, un autre quartier, au nord de la ville, à dominante hindoue. Ils étaient menaçants, souvent masqués, certains étaient armés de couteaux ; il y a eu des échauffourées avec des jeunes musulmans, la police a effectué quarante-sept arrestations.

Le lendemain, l’atmosphère était encore électrique, la vidéo d’un drapeau safran (hindou) mis à bas puis brûlé dans le quartier de Belgrave Road a largement circulé. Dans cette ville montrée en exemple du multiculturalisme britannique, ce surgissement de violence a surpris. Les médias nationaux l’ont daté d’un match de cricket ayant opposé, le 28 août, à Dubaï, l’Inde au Pakistan, qui aurait généré des tensions locales.

Ce vendredi après-midi, Deli Fresh, le traiteur halal, où tout Spinney Hills semble se fournir en samoussas, s’apprête déjà à baisser le rideau. Entre un jeune homme costaud, venu acheter des naans. « La violence ? Elle n’a rien à voir avec le match de cricket ! Elle date du mois de mai, quand des hindous sont venus me tabasser chez moi ! Ils m’ont dit : “Tu es musulman ?” Et ils m’ont frappé, là et là », assure le jeune homme, en montrant son cou et ses jambes. Il ne souhaite pas dire son nom, juste ses initiales, « I. K. », et son âge : 19 ans. « Je suis allé à la police mais ils n’ont rien fait », ajoute-t-il.

Provocations


« Mon neveu aussi a été battu, il a même été hospitalisé, mais la police n’a pas bougé, on ne s’en prend qu’aux musulmans alors que des hindous propagent une idéologie de haine, ici même, au Royaume-Uni », renchérit un employé du traiteur, Mohamed Mahiel, barbe et cheveux clairs, « c’est ce qui explique les tensions entre nos communautés », assure l’homme, qui décrit un engrenage – provocations d’hindous nationalistes, répliques des musulmans du quartier. « Certains importent d’Inde l’idéologie du Rashtriya Swayamsevak Sangh [RSS] », accuse encore l’homme. Le RSS est une organisation ultranationaliste paramilitaire liée au BJP, le parti du premier ministre, Narendra Modi. Ces dernières années, les violences contre les musulmans se sont intensifiées en Inde.

[…]

Les autorités auraient-elles minimisé ces incidents remontant au printemps ? « Depuis quelques années, une petite minorité s’est fixée à l’est de la ville et profère des opinions extrêmes, la municipalité est restée passive pour avoir la paix », soutient Sharmen Rhaman, jeune conseillère municipale travailliste. Joint au téléphone, Peter Soulsby, le maire travailliste de Leicester, précise : « A l’époque [en mai], on ne nous a pas parlé des tensions. Et samedi dernier, quand les jeunes sont descendus dans la rue, il n’y avait que huit officiers de police disponibles, beaucoup étaient à Londres pour sécuriser les funérailles royales. Une bonne part des fauteurs de troubles sont venus d’ailleurs ce jour-là, de Londres, de Birmingham, de Solihull. Certains ont voulu exploiter les tensions locales.

[…]

Le Monde


En Lien :

Fdesouche sur les réseaux sociaux