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Nyans

Mikail Yüksel, ancien candidat aux élections législatives exclu du parti centriste suédois (Centerpartiet) pour avoir caché ses liens avec les Loups gris turcs, a créé en août 2019 le parti Nyans (Nuance) qui vise spécifiquement les électeurs musulmans de Suède, quoique son fondateur s’en défend. Ce nouveau parti “souhaite que les musulmans soient considérés comme une minorité spéciale, au même titre que, par exemple, les Juifs.”

Wikipedia / SVT

Le succès du parti Nyans effraie Stockholm

Malmö/Stockholm – Les élections suédoises ont montré dimanche soir un pays divisé : Le camp de gauche autour de la Première ministre Magdalena Andersson (sociale-démocrate) et le camp de droite, y compris les populistes de droite, se sont livrés à un coude à coude – les électeurs se sont répartis presque à 50/50. La recherche d’une majorité pourrait occuper la Suède pendant des semaines, voire des mois. Les experts s’y attendaient déjà avant le jour des élections.

Dans l’ombre de la course au pouvoir, un parti jusqu’ici peu considéré a toutefois atteint des sommets insoupçonnés : Il s’agit de Nyans (“Les nouveaux”), un parti qui cible entre autres les électeurs islamiques.

Les médias suédois ont d’abord été frappés par un résultat obtenu dans la banlieue d’Akalla à Stockholm : les “autres partis” ont obtenu 11,3 pour cent dans la circonscription d’Akalla-Centre. L’expert politique Marcus Oscarsson a attribué ce résultat surprenant à Nyans sur la chaîne TV4. Plus tard dans la soirée, des résultats encore plus étonnants ont suivi.

Ainsi, la chaîne concurrente SVT a annoncé depuis le quartier de Rosengard à Malmö un pourcentage presque incroyable de 28,2 pour cent pour les “autres partis”. Là aussi, le résultat énigmatique de Nyans pourrait être à l’origine de ce résultat. Une situation similaire s’est produite dans la circonscription de Rinkebysvängen à Stockholm.

Rosengard, Akalla et Rinkeby ont un point commun : ces quartiers de la grande ville ne font pas partie, c’est le moins que l’on puisse dire, des zones résidentielles privilégiées. Et dans les deux, les personnes issues de l’immigration sont particulièrement nombreuses. Les spécialistes de SVT ont commencé à faire leurs premiers calculs peu avant 23 heures – cela pourrait-il même suffire pour obtenir un siège au Riksdag ?

Au début, cela ne semblait pas être le cas. Selon SVT, il faudrait environ 12 pour cent dans une circonscription pour obtenir un siège unique au parlement. Notez bien : dans une circonscription, pas dans un district électoral. Dans le cas de Rosengård, il s’agirait de la ville entière de Malmö. Mais un siège au conseil municipal semblait tangible. Le soir, cette information est également parvenue en Suède : Dans pas moins de 54 districts électoraux, les “autres partis” ont dépassé la barre des 10 pour cent. Probablement à cause des nyans.

Une recherche des causes a rapidement commencé : Comment le parti a-t-il pu passer “sous le radar” des sondages, comme le reprochait Oscarsson ? Et que manigancent les “nouveaux” ? Un débat aussi délicat que complexe s’annonce : Les Nyans sont-ils des porte-parole légitimes et pacifiques des préoccupations des migrants ou plutôt, littéralement, des loups déguisés en moutons ?

Nyans : le parti remporte des succès dans les quartiers des grandes villes – inquiétude face à Erdogan, aux théories du complot et à l’antisémitism

Les rapports des jours précédents, qui ont fait l’objet d’une attention accrue, n’ont pas contribué à calmer les esprits. Ainsi, les déclarations du candidat du Riksdag Bashir Aman Ali de Kista – un autre quartier difficile dans la banlieue de Stockholm – ont été mises à l’ordre du jour. Il avait affirmé qu’en Suède, les musulmans pouvaient être emprisonnés sans procès ni preuve. Le politicien a ensuite été accusé de propager des théories du complot.

Le chef du parti Mikail Yüksel s’est également fait remarquer de manière très désagréable par certains observateurs pendant la campagne électorale : Dans le conflit avec la Turquie au sujet de l’OTAN, il s’est rangé du côté du président turc Recep Tayyip Erdogan et s’est prononcé pour l’extradition de “terroristes” kurdes – ce qui lui a valu un article bienveillant de la chaîne de télévision étrangère d’Ankara TRTinternational. En 2018, Yüksel s’était encore porté candidat pour le parti centriste, mais il avait été exclu du parti en raison de soupçons de collaboration avec les loups gris islamistes turcs. D’autres membres du parti ont également été mis en cause : selon les recherches du journal Sydsvenskan de Malmö, cinq des 25 candidats du parti enregistrés dans la région de Scanie ont diffusé à plusieurs reprises des messages de haine contre les juifs et/ou les chiites dans les médias sociaux.

Les Nyans sont sur le devant de la scène – le parti met l’accent sur le “dialogue”, mais les observateurs mettent en garde

Une accusation tout aussi grave : Amineh Kakabaveh, député socialiste de longue date du Riksdags, a récemment dénoncé les Nyans comme une organisation islamiste, ainsi qu’un groupe antidémocratique et antiféministe, dans un article d’opinion pour le journal Dagens ETC. Il n’est pas le seul à penser ainsi. L’expert de TV4 Oscarsson a également fait remarquer que le parti était accusé d’avoir un “agenda partiellement islamiste”. Nyans met également en avant des questions religieuses. En Suède, c’est au moins un changement de style.

Sur son site officiel, le parti met en avant des préoccupations certes controversées mais tout à fait légitimes : par exemple la lutte pour des loyers abordables ou contre l’antisémitisme et l'”afrophobie” en Suède. On est “ouvert à tous” et on veut “relever les défis de la population minoritaire main dans la main et côte à côte avec la population majoritaire”.

Mais outre plusieurs hommes politiques, c’est surtout la campagne électorale du parti qui est critiquée. Ainsi, l’historien Edward Blom, bien connu de la télévision suédoise, a rapporté dans un tweet qu’un chauffeur de taxi lui avait récemment fait part d’une intention de voter pour Nyans. La raison en serait que la police “enlève leurs enfants aux immigrés”. Un récit qui aurait été alimenté par plusieurs candidats. “Sinon, tout va bien avec les sociaux-démocrates, mais je ne peux pas accepter cette histoire d’enfants”, lui aurait expliqué l’homme. Selon le journal Göteborgs Posten, les premiers résultats de Nyans ont été obtenus dans de nombreux endroits aux dépens des sociaux-démocrates.

Nyans en Suède : le chef de clan a appelé à voter

Le tabloïd Expressen a quant à lui découvert un soutien plus que douteux du parti. Selon le journal, Hachem Ali Khan, chef d’un clan notoire de Göteborg, a appelé à voter pour les Nyans dans un message vidéo. Selon un reportage de SVT, Nyans a également enfreint les règles de la campagne électorale le jour des élections : Le parti a sollicité des voix dans le périmètre d’un bureau de vote.

Pour la Suède, les succès locaux des Nyans pourraient soulever des questions. Par exemple en matière de politique d’intégration. Mais aussi à des niveaux plus fondamentaux : Kakabaveh a en tout cas reproché au gouvernement de ne pas avoir réagi aux tendances dangereuses.

Cette envolée n’a d’ailleurs pas été totalement surprenante : le journal Dagens Nyheter avait déjà attiré l’attention sur le point aveugle des sondages quelques jours avant les élections suédoises. Le politologue Peter Esaiason avait déjà donné une explication sur SVT avant le jour des élections. Les habitants de la “Suède cachée”, c’est-à-dire les immigrés, n’ont pas encore été pris en compte par les sondeurs.

Merkur


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