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Le 10 août dernier, un SDF martiniquais, armé d’un couteau a été abattu par les forces de l’ordre. Etait-ce proportionné ? Il serait grave que de telles pratiques se multiplient en France, dénonce l’écrivain Jean-Marie Rouart.

Parmi les pathétiques héros de Marcel Aymé, il en est un qui s’appelle Abd el-Martin. C’est un de ces damnés de la Terre qui habite une rue sans joie, justement baptisée «Impasse de l’Espérance», dans un quartier suburbain si déshérité que, nous dit l’auteur, «on se prend à espérer que la vie ne soit pas désespérément longue». C’est une sorte de SDF, un clochard, logé dans un taudis. Nous ne savons rien de son passé sinon par une allusion subliminale qu’il est vêtu d’une vieille capote militaire en loques.

Oui, il a dû servir la France, mais celle-ci l’a oublié. Ses états de service ne suscitent en sa faveur ni reconnaissance ni compassion puisque la principale distraction du bistrotier du coin est de lui faire boire du vinaigre pour amuser la galerie. Un miracle se produit pourtant, toujours le même, l’amour, la patronne du bistrot, abonnée aux romans-photos, est soudain éprise d’exotisme et s’amourache de ce pauvre bougre qui suscite en elle des rêves d’oasis sahariennes. Tout cela finira mal. Quand on est en proie à la fatalité de la misère, les choses finissent rarement bien.

Qui faut-il incriminer?

J’ai pensé à Abd el-Martin en apprenant qu’un SDF, un Martiniquais, qui survivait à l’aide de petits expédients dans …

(…) Libération

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