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La production et l’exportation d’opium, ainsi que, dans une moindre mesure, d’héroïne constituent la principale ressource des talibans afghans, malgré la condamnation, par leur chef religieux, du trafic de stupéfiants.

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L’ONU, du fait des difficultés d’accès au terrain afghan et de l’opacité généralisée du régime taliban, est à ce stade incapable d’évaluer les superficies aujourd’hui consacrées au pavot dans le pays. Il est cependant clair que les talibans n’ont en rien entravé la campagne de culture du pavot à l’automne dernier, afin de maximiser, au printemps 2022, les revenus tirés de l’opium et de ses dérivés. Du fait de la très forte teneur en opium du pavot local, l’Afghanistan couvre à lui seul 80 à 90 % des besoins du marché mondial en opium et en héroïne. Les réseaux transfrontaliers de trafic de stupéfiants vers l’Iran et, plus encore, le Pakistan sont, en outre, tenus par des partenaires historiques des talibans, à qui ils offrent en retour l’opportunité de s’approvisionner en armes et de contourner les sanctions internationales.

Ce n’est qu’en avril, donc une fois la récolte d’opium bien entamée, que le chef théoriquement « suprême » des talibans, le mollah Haibatullah Akhundzada, a émis un décret « interdisant la culture du pavot dans tout le pays ». Alors que la fatwa du mollah Omar avait eu, en 2000, un effet immédiat et spectaculaire, rien de comparable n’a été enregistré cette année, y compris en termes de fluctuation des prix des stupéfiants, pourtant très sensibles à ce type de diktat. Il est vrai qu’Akhundzada, à la différence du dirigeant politico-militaire qu’était le mollah Omar, n’a de légitimité que religieuse et a prouvé à maintes reprises son impuissance à s’imposer à la branche armée du mouvement. Les talibans s’installent donc dans une forme d’hypocrisie institutionnalisée où ils prétendent combattre le « péché » des stupéfiants tout en supervisant et en taxant production et trafic.

En cela, oui, la génération actuelle des talibans peut apparaître « nouvelle ». Il est douteux que cela soit une consolation pour les femmes et les hommes d’Afghanistan.

Le Monde

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