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23/07/2023

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Ce que les enquêteurs ont toujours espéré s’est enfin réalisé. La science a parlé. Il y a eu une correspondance entre l’ADN masculin prélevé sur la couverture bleue et un autre profil du Fichier national automatisé des empreintes génétiques, qui a vu le jour en 1998 à la suite de l’affaire Guy Georges. C’est celui d’un certain Anouar T., la trentaine, condamné un an plus tôt à six mois de prison pour des faits de violences à Villers-Cotterêts, dans l’Aisne. Ses empreintes avaient alors été prélevées, le flux des correspondances génétiques a fait le reste. Les analyses sont formelles, il s’agit du frère de la fillette abandonnée sur le bas-côté de la route il y a trente ans.

Après plusieurs mois de surveillance et de recoupages avec les données des allocations familiales, les gendarmes de la SR d’Orléans touchent enfin au but. Le 12 juin 2018, à l’aube, ils se rendent à Villers-Cotterêts et se présentent à l’entrée d’un pavillon terne, à deux pas du château. Une femme à la silhouette replète, une longue jupe et un voile sur ses cheveux, leur ouvre la porte. Elle s’appelle Halima El Bakhti, mariée Touloub et est alors âgée de 64 ans. Durant la perquisition, trois photographies sont découvertes dans un livre de prières musulmanes. Sur l’une d’elles, les couleurs ont jauni avec les années mais on distingue une fillette aux bouclettes brunes, le regard rivé sur l’objectif. Les mêmes boucles que sur le cliché de l’appel à témoin il y a trente ans. Elle s’appelait Inass Touloub, et avait quatre ans.

«Je suis un monstre moi ?»

À 80 kilomètres de là, c’est un homme avec une longue barbe blanche, le corps décharné, qui est interpellé par les gendarmes dans un appartement de Villetaneuse, en Seine-Saint-Denis. Lui n’est pas surpris, il est presque soulagé. Une fois placé en garde à vue, Ahmed Touloub reconnaît s’être «comporté comme un lâche, comme un bon à rien». Puis révèle: «cela fait trente et un an que j’attends votre venue.» Après toutes ces années à garder le silence, il déroule enfin le fil de cette nuit où tout a basculé, la «mauvaise journée». Ce 11 août 1987, le père de famille est rentré au domicile familial à Puteaux vers 22 heures. Sa petite fille est inanimée, allongée sur l’un des canapés marocains. «Halima m’a dit qu’elle était tombée dans les escaliers qui mènent à la cave.» Aujourd’hui encore, il est persuadé qu’elle a été poussée volontairement. Après avoir renoncé à se rendre au commissariat, il monte au volant de sa Citroën BX, un modèle «trois volumes» comme décrit par le témoin qui avait participé à l’émission de Jacques Pradel. Le père de famille roule toute la nuit, avec à l’arrière, son épouse, ses trois enfants et le corps inerte de l’avant-dernière emmailloté dans une couverture.

Inass était-elle déjà morte ? Qui a pris la décision d’abandonner l’enfant sur le bas-côté ? En garde à vue, la mère de famille certifie dans un premier temps que sa fille est au Maroc, bien vivante. Accablée par les éléments présentés par les officiers, elle «refuse, nie» et «préfère fermer les yeux.» Halima se dit étrangère aux brûlures au fer à repasser, aux traces de coups et aux morsures qui parcourent la peau de son enfant: «Ça m’étonne parce que ce n’est pas vrai. Je suis un monstre moi ?» Dans une autre salle, son ex-mari déclare qu’Halima lui a demandé de s’arrêter soudainement sur l’autoroute puis qu’«elle l’a déposée». Ils ont ensuite fait une longue pause sur une aire de repos. «Toute la famille était là», ajoute-t-il. Presque toute.

La BX a roulé jusqu’en Espagne, puis a gagné le Maroc où la famille a séjourné une vingtaine de jours. Elle est ensuite rentrée en France, les bagages chargés de culpabilité. Halima voit le visage de sa fille au journal télévisé et est persuadée que la police viendra les chercher. Mais les années défilent et personne ne frappe à leur porte. Les crises, les hurlements et les violences, dont le couple s’accuse mutuellement, ont raison de leur mariage. Ils se séparent en 2010. «Mon père était un mort-vivant, il était là sans être là. Ma mère elle n’était pas là non plus, avec tous les médicaments», se souviendra au cours d’une audition l’une des grandes sœurs d’Inass.

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Un débat demeure sur la qualification pénale pour renvoyer les parents devant une cour d’assises. Mais plusieurs acteurs du dossier assurent au Figaro qu’un procès devrait se tenir d’ici à la fin d’année 2024.

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Le Figaro

Merci à Max.

29/07/2022

« Petite martyre de l’A10 » : Le parquet demande le renvoi devant une cour d’assises

Le procureur de Blois a requis le renvoi devant une cour d’assises pour meurtre aggravé et complicité de meurtre aggravé, des parents d’une fillette de 4 ans retrouvée morte et mutilée en 1987 au bord de l’autoroute A10, a-t-il annoncé vendredi 29 juillet.

Les enquêteurs étaient remontés jusqu’aux parents, jusqu’alors inconnus, de la petite Inass, surnommée la «Petite martyre de l’A10», grâce à un prélèvement ADN opéré sur son frère, arrêté en 2016 dans une affaire de violence.

Grâce à l’ADN du frère, les enquêteurs avaient pu ainsi identifier et retrouver la trace des parents, un couple de sexagénaires, originaires du Maroc et qui ont eu sept enfants.

Le Figaro

En Lien :

Loir-et-Cher (41) : l’énigme de la martyre de l’A10 enfin résolue  ? (Màj vidéo : Ahmed et Halima mis en examen)

Orléans (45) : le père de la “Petite martyre de l’A10” remis en liberté par la cour d’appel

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