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Pierre Buhler est ancien ambassadeur, chargé d’enseignement à l’Ecole de relations internationales de Sciences Po et à Hertie School (Berlin), auteur de « La Puissance au XXIe siècle. Les nouvelles définitions du monde » (CNRS Editions, 3e éd., 2019).

L’humanité franchira, en novembre 2022, la barre des 8 milliards d’habitants. Telle est l’une des conclusions de la récente étude prospective de la division de la population de l’Organisation des Nations unies (ONU). Le précédent seuil symbolique, celui des 7 milliards, avait été franchi en octobre 2011. Le suivant, celui des 9 milliards, est attendu dans une quinzaine d’années. Au-delà de ces annonces, ce rapport biennal, dirigé par le démographe français Patrick Gerland – un hommage discret à la très réputée école française de démographie –, révèle des tendances lourdes qui, imperceptiblement, transforment en profondeur la carte démographique de la planète et son paysage géopolitique.

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Le rapport établit avec force que, dans les pays développés, la migration est désormais le premier facteur de la croissance de la population. Alors que, durant les décennies 1980-2000, la croissance naturelle, de 104 millions, était très supérieure à l’apport net de la migration internationale (44 millions), ce rapport s’est inversé durant les vingt années suivantes, où l’apport de la migration a quasiment doublé (81 millions), devançant l’accroissement naturel (66 millions). Le rapport démontre que cette ressource sera, à l’avenir, pour les pays développés, la seule à permettre de combler le solde démographique naturel, d’ores et déjà négatif. L’Europe est concernée au premier chef. Son déficit de croissance naturelle, de près d’un million l’année précédant l’épidémie de Covid-19, est appelé à rester durablement sur une pente baissière, que seul l’apport migratoire (1,4 million en 2021) permet de compenser.

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Après avoir doublé pendant le quart de siècle écoulé, la population de cette partie de l’Afrique est appelée à quasiment doubler de nouveau d’ici à 2050, fournissant la moitié de la croissance de la population mondiale. Il est, à cet égard, intéressant de constater que des pays du monde arabe, comme l’Egypte et l’Algérie, où la baisse du taux de fécondité s’était, de façon inexpliquée, inversée autour des années 2010, ont retrouvé, depuis quelques années, une pente descendante. Si le poids démographique de l’Asie n’a pas vocation à s’affaiblir significativement, la redistribution de la population affectera, dans les décennies à venir, l’Asie de l’Est, à la population vieillissante, au bénéfice de l’Asie du Sud, aux taux de fécondité plus élevés et dont la population est plus jeune.

Le Monde

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