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« Ce n’est pas la vie que j’attendais pour lui, mais c’est celle que la société lui a donné », entame Assa, 68 ans, mère au foyer et résidante à Lille, dans un quartier où le deal s’est installé depuis des années. Sous son foulard, des milliers de pensées lui malmènent l’esprit, toutes liées à la situation de son fils, dealer depuis ses 13 ans. Comme elle, Fatima, 70 ans, porte également le poids des activités de son fils, dealer dans le même quartier de Lille. Mères de dealers, elles racontent la difficulté de leur quotidien.

« Moi, je n’en savais rien, Samir glissait des billets dans mon portefeuille »

À Lille, dans sa petite tour HLM, la famille d’Assa baigne dans la précarité depuis des générations. « D’aussi loin que je me souvienne, on n’a jamais connu de moment de répit, malgré des efforts constants, quotidiens », soupire Assa. (…)

« Le matin, il dort, et le soir, il deal »

(…) « Le matin, il dort, et le soir, il deal », relate Fatima. Chaque jour constitue une rengaine amère pour la mère de famille, qui rêve d’un avenir meilleur pour son fils aîné.

« Mon coeur de mère saigne, ma voix accuse les politiques »

(…) Assa en a gros sur le cœur et dans les tripes. « C’est de la rancoeur, j’en veux à ceux qui ont imposé cette situation à nos fils », insiste-t-elle, « mon coeur de mère saigne et ma voix accuse les politiques ». Dans ce quartier de Lille, les contrôles de police se multiplient depuis quelques mois, sans que les opportunités de reconversion pour ces petites mains du deal ne se présentent. « Mon fils a le choix entre dealer et rien d’autre, ce n’est pas un choix, c’est une malédiction », soupire Assa en chiffonnant nerveusement son tablier de cuisine. Faire des études ? Son fils a bien tenté l’expérience, mais le prix du trajet en métro et des fournitures scolaires, moins les rentrées d’argent des activités de son fils ont bien failli pousser la famille à un désastre financier. « On avait déjà rien, on s’est retrouvé avec des menaces de saisies », se souvient Assa. Lorsque, honnête et à bout, Assa confie les activités de son fils à une assistante sociale, celle-ci lui aurait alors répondu : « On a toujours le choix, il aurait pu faire la manche ». (…)

« Le racisme a ruiné nos vies »

Toutes deux originaires du Maroc, Assa et Fatima ont vu le racisme teinter leur vie d’une couleur sombre. « Accès au logement, à l’emploi… C’est difficile, aujourd’hui en France, quand on est précaire et arabe, de se sortir de la pauvreté », déplore Assa.

(…) Samir acquiesce et enchaine : « Quand les institutions arrêteront d’être racistes, j’arrêterai de dealer, autant vous dire que c’est pas près d’arriver ».

(…) Toutefois, sans alternatives immédiates, les deux hommes continuent leurs petits trafics, au grand damn de leurs mères.

Vice.com

(Merci à BB)

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